Marc Márquez détrône Bagnaia comme pilote numéro un de Ducati et se rapproche du titre MotoGP 2025
La saison 2025 de MotoGP est devenue, de plus en plus, un véritable one-man-show, avec Marc Márquez s’imposant comme la force dominante du championnat. L’Espagnol, qui dispute sa première campagne avec l’équipe officielle Ducati, n’a pas seulement éclipsé Francesco « Pecco » Bagnaia au sein du constructeur de Bologne, mais il compte désormais les jours avant de décrocher ce qui serait un septième titre historique en catégorie reine.
Bien que Márquez ne puisse pas mathématiquement sceller le championnat ce week-end lors du Grand Prix de Saint-Marin à Misano, le pilote de 32 ans pourrait quitter le circuit italien avec une première « balle de match » dans la lutte pour le titre. Son principal challenger n’est autre que son jeune frère, Álex Márquez, qui a émergé comme le plus proche rival au classement, mais qui reste confronté à une montagne à gravir. Après 15 des 22 manches programmées, Marc dispose d’une avance impressionnante de 182 points sur son cadet de 29 ans, un écart qui illustre l’ampleur de sa domination.
Première possibilité de sacre au Japon
Les calculs actuels suggèrent que Márquez pourrait décrocher le titre MotoGP 2025 lors de la course Sprint à Motegi, prévue juste après le week-end de Misano. Pour se donner cette possibilité, l’Espagnol devra maintenir son rythme infernal, en remportant à la fois la Sprint et la course principale à Misano, puis en s’imposant dans la Sprint du samedi au Japon.
Si le moment exact de son sacre reste une question de mathématiques, un record ne lui est déjà plus accessible : celui du titre le plus précoce en nombre de courses disputées. Cet honneur appartient toujours à Valentino Rossi, qui avait décroché la couronne 2002 après seulement 12 des 16 courses du calendrier, soit 75 % de la saison. Même dans le scénario le plus favorable, Márquez serait titré lors de la 17ᵉ manche sur 22, ce qui correspond à 77,2 % de la campagne. Plus tard en termes de manches disputées, certes, mais l’exploit resterait monumental au vu de la compétitivité actuelle du MotoGP et du calendrier éprouvant auquel sont soumis les pilotes.
Une saison sous le signe de la suprématie Márquez
Les statistiques suffisent à démontrer l’ampleur de la campagne de Márquez. Avant Misano, l’Espagnol a déjà récolté 14 victoires en Sprint et 10 succès en Grand Prix, lui assurant une emprise quasi indestructible sur le classement général. Son coéquipier chez Ducati et ancien leader de l’équipe, Bagnaia, n’a quant à lui remporté qu’un seul Grand Prix cette année, un contraste saisissant avec la forme qui lui avait permis de décrocher deux titres mondiaux consécutifs en 2022 et 2023.
Cette différence de performances a marqué un basculement majeur dans l’équilibre interne chez Ducati. Bagnaia, autrefois le « pilote alpha » et véritable figure de proue de la marque de Bologne, a été relégué au second plan par l’éclat du renouveau de Márquez. Cette nouvelle dynamique a été encore plus évidente après un échange franc capté dans les coulisses de Ducati.
Bagnaia admet un manque de confiance
Lors du Grand Prix de Catalogne, Bagnaia s’est ouvert à Márquez en lui avouant : « Je perds de plus en plus confiance. » Les mots de l’Italien ont surpris beaucoup d’observateurs, compte tenu de son statut de double champion du monde et de pilier de Ducati jusqu’à cette saison. Márquez a tenté de l’encourager, lui conseillant d’aborder chaque course avec un état d’esprit renouvelé, en déclarant : « Ce sera mieux si tu vois chaque manche comme un nouveau départ. »
Mais cette interaction a laissé des réactions partagées. Pour Neil Hodgson, ancien champion du monde de Superbike et consultant de TNT Sports, l’aveu de Bagnaia était troublant.
« J’ai trouvé ça triste et inquiétant, a expliqué Hodgson. Ce sport a toujours consisté à battre son coéquipier. C’est ton point de comparaison direct car vous avez une moto identique. Tu ne montres jamais de faiblesse face à ton coéquipier — jamais. Entendre Pecco dire ça, et voir Ducati publier ces images, m’a vraiment surpris. C’est une chose de confier cela à ta femme ou à ton équipe, mais le dire au gars qui est aussi ton plus grand rival ? C’est inhabituel et, franchement, préoccupant. »
Les propos d’Hodgson rappellent une règle tacite du paddock MotoGP : les coéquipiers sont souvent les adversaires les plus féroces, leur réputation et leur carrière étant fréquemment définies par ces duels internes. Que Bagnaia exprime ainsi sa vulnérabilité face à Márquez en dit long sur son état psychologique actuel et sur l’emprise que l’Espagnol a imposée au sein de Ducati.
Le fardeau de Bagnaia
La saison 2025 met à rude épreuve la résilience de Bagnaia. Lui qui avait redonné à Ducati la gloire du championnat après une disette de 15 ans, se retrouve aujourd’hui à chercher des solutions face à un coéquipier qui paraît imbattable. L’an dernier encore, Bagnaia s’était battu jusqu’au bout contre Jorge Martín, ne perdant le titre 2024 que pour 10 petits points. Cette année, beaucoup s’attendaient à le voir reprendre l’ascendant, mais l’arrivée de Márquez a bouleversé toute la hiérarchie interne.
Plutôt que de lutter pour la victoire, Bagnaia traverse une campagne marquée par le doute. Son aveu de perte de confiance révèle non seulement un problème de performance mais aussi le poids psychologique d’être éclipsé dans sa propre équipe. S’il peut sembler étonnant qu’il se tourne vers Márquez pour chercher des conseils, cela traduit aussi un pragmatisme dans l’approche de l’Italien.
Bagnaia a affirmé vouloir apprendre « tout » ce qu’il peut de Márquez, soulignant l’immense expérience et la capacité d’adaptation de l’Espagnol. L’Italien semble reconnaître que lui et Márquez sont deux « pilotes intelligents » capables d’échanger leurs points de vue, et que cette ouverture — même au prix d’exposer ses faiblesses — pourrait l’aider à progresser à long terme.
Le changement de garde chez Ducati
Du point de vue de Ducati, ce bouleversement est à la fois une bénédiction et un dilemme. D’un côté, l’éclat de Márquez offre à l’usine une saison de domination sans précédent, consolidant son statut de force numéro un en MotoGP. De l’autre, le déclin de Bagnaia, autrefois leader symbolique de l’équipe, pose la question de son rôle futur.
Son contrat court jusqu’à fin 2026, mais les spéculations vont déjà bon train : Ducati envisagerait de le remplacer à l’échéance, en misant sur de jeunes talents ou sur des rivaux confirmés pour épauler Márquez au-delà de cette date. Une telle perspective marquerait un retournement spectaculaire pour Bagnaia. Il y a seulement deux ans, il était célébré comme l’homme qui avait mis fin à la longue attente de Ducati depuis le titre de Casey Stoner en 2007. Aujourd’hui, sa position est fragilisée, alors que Márquez règne et que Ducati semble regarder vers un avenir qui pourrait s’écrire sans lui.
La renaissance de Márquez
Pour Márquez, la saison 2025 représente une véritable renaissance. Après avoir traversé des années marquées par les blessures et les difficultés avec Honda, son transfert chez Ducati a revitalisé sa carrière. Beaucoup doutaient de sa capacité à retrouver son niveau maximal, mais ses performances cette année ont réduit ces doutes au silence.
La combinaison entre l’agressivité naturelle de Márquez et la compétitivité de la Desmosedici s’avère redoutable. Sa rapidité d’adaptation à cette machine, au point de dominer un coéquipier qui la connaît intimement, témoigne de son talent et de sa détermination. Chaque victoire renforce son statut parmi les plus grands pilotes de l’histoire, et avec un septième titre en catégorie reine à portée de main, il rejoindrait Valentino Rossi au palmarès, ravivant les débats sur le plus grand pilote de tous les temps.
Perspectives
Alors que le championnat entre dans sa dernière ligne droite, tous les regards se tournent vers le Japon : Márquez y sera-t-il couronné, ou faudra-t-il attendre une manche supplémentaire ? Quelle que soit l’issue, l’issue finale semble déjà écrite : Marc Márquez sera sacré Champion du Monde MotoGP 2025.
Mais l’histoire va bien au-delà du titre. Le basculement interne chez Ducati, les difficultés psychologiques de Bagnaia et la renaissance spectaculaire de Márquez ajoutent autant de couches d’intrigue à ce feuilleton. Pour les fans, cette saison met en lumière non seulement le génie d’un pilote, mais aussi le drame humain qui se joue en coulisses dans le paddock.
Comme l’a rappelé Hodgson, la confiance et la psychologie sont tout aussi essentielles que la vitesse et la technique. Le choix de Bagnaia de solliciter Márquez démontre à la fois une vulnérabilité et une volonté de progresser. Reste à savoir si cette approche lui permettra de retrouver son meilleur niveau. Pour l’heure, le garage Ducati appartient sans conteste à Marc Márquez.
