Marc Márquez prolonge sa domination avec un septième doublé consécutif au Balatonring, se rapprochant d’un neuvième titre mondial
Marc Márquez a réaffirmé son statut d’homme à battre en MotoGP 2025 en signant un nouveau week-end parfait au Balatonring. L’Espagnol n’a pas seulement décroché la pole position, il a également remporté la Sprint Race ainsi que le Grand Prix principal, réalisant ainsi son septième « doublé » consécutif sur le circuit hongrois. Pour Márquez, il ne s’agit pas seulement d’un nouveau succès, mais bien d’une démonstration supplémentaire de sa domination grandissante cette saison, et d’un pas de plus vers ce qui pourrait devenir un neuvième titre mondial historique.
Sur le plan mathématique, Márquez se trouve désormais dans une position où le championnat pourrait être scellé plus tôt que prévu. Si les résultats jouent en sa faveur, le dénouement pourrait survenir dès la manche de Misano en septembre, ce qui donnerait un relief particulier à l’événement puisqu’il s’agit du circuit de légende de Valentino Rossi. Pour de nombreux fans, la perspective de voir Márquez couronné sur le sol italien ajoute une dimension dramatique supplémentaire. Bien que son frère cadet Álex Márquez – actuel pilote Gresini – reste un challenger théorique, sa mauvaise passe récente rend peu probable un véritable retournement de situation. À moins d’un sursaut rapide, Álex pourrait laisser son aîné fêter son sacre bien plus tôt que prévu.
La progression de KTM et l’émergence d’Acosta
Derrière l’éclat de Márquez, le Balatonring a également mis en lumière la progression d’autres constructeurs et pilotes. KTM, en particulier, continue d’affirmer sa présence parmi les forces régulières du plateau. La révélation Pedro Acosta a une nouvelle fois démontré son immense potentiel en montant sur le podium grâce à une course alliant agressivité, maturité et vitesse.
La deuxième place d’Acosta s’est jouée face à Marco Bezzecchi, auteur d’une saison solide et en constante progression, devenant l’un des éléments les plus fiables du camp Ducati. Sa régularité constitue l’un des rares points lumineux d’une année où tous les pilotes de la marque italienne n’ont pas su exploiter pleinement le potentiel de la machine.
La véritable surprise du week-end hongrois est toutefois venue de Jorge Martín. Après un début compliqué chez Aprilia, le Madrilène a signé une remontée impressionnante pour décrocher la quatrième place, frôlant le podium. Une prestation qui marque un signal fort et démontre que son adaptation à la nouvelle moto progresse plus rapidement que prévu.
Pendant ce temps, le champion en titre Francesco Bagnaia, en difficulté depuis le début de l’année, a enfin montré des signes encourageants. Plus à l’aise sur sa Ducati, l’Italien repart de Hongrie avec un regain de confiance. Barcelone, prochaine étape du calendrier, servira de test décisif pour confirmer ou infirmer ce regain de forme.
Le regard de Pernat : Márquez réécrit le scénario
Jamais avare de formules, le vétéran Carlo Pernat a livré son analyse haute en couleur du week-end hongrois. Selon lui, Márquez est « le leitmotiv du championnat », celui qui dicte désormais le rythme de toute la saison.
« Márquez continue d’imposer sa loi », a déclaré Pernat, un verre de Prosecco DOC à la main. « Il a géré la course exactement comme il le souhaitait. Lorsqu’il a décidé de doubler Bezzecchi, il a sorti le fameux tirone – cette accélération fulgurante – et il a disparu. À partir de là, c’était terminé. Comme disait Gianni Brera : cippimerlo, autrement dit, qui pourrait bien le rattraper ? »
Pernat a également souligné la forte probabilité de voir Márquez sceller le titre à Misano. « Si Álex ne parvient pas à inverser la tendance, Marc pourrait bien être sacré là-bas, en plein fief de Valentino Rossi. Ce ne serait pas un affront, mais un symbole fort. Personne ne peut nier que Marc est le plus fort. Oui, Ducati lui offre une moto de pointe, mais c’est son talent qui fait la différence. »
Les inquiétudes liées à la sécurité du Balatonring
Au-delà de la performance de Márquez, Pernat a insisté sur les problèmes de sécurité du tracé hongrois, pointant un incident particulièrement alarmant impliquant Enea Bastianini. L’Italien est parti à la faute dans la chicane et a frôlé la catastrophe lorsque plusieurs pilotes l’ont évité de justesse à pleine vitesse.
« Cette chicane doit être supprimée ou modifiée », a averti Pernat. « Bastianini a été sauvé par un miracle. Dans neuf cas sur dix, ce genre d’accident se termine en tragédie. Liberty Media, désormais propriétaire de MotoGP, doit faire de la sécurité sa priorité. Ce virage ne peut pas rester en l’état. »
Bilan par constructeur
Aprilia : un pas en avant
Pour Pernat, l’un des faits marquants du week-end a été la prestation d’Aprilia. Le podium de Bezzecchi prouve son adaptation rapide, tandis que la quatrième place de Martín confirme une progression éclair malgré ses débuts. Pernat a comparé la situation de Martín à celle de Bezzecchi en début d’année, estimant que l’Espagnol s’adapte même plus vite.
« Aprilia mérite des félicitations », a déclaré Pernat. « Revoir le numéro 1 sur le carénage est une belle reconnaissance. Avec Sterlacchini désormais à la tête du département technique, je suis convaincu qu’Aprilia sera bientôt capable de rivaliser presque à armes égales avec Ducati. Sans Márquez, Ducati n’aurait pas ce monopole. Di Giannantonio et Bagnaia souffrent, le succès repose surtout sur Marc. »
KTM : défier les pronostics
KTM a récolté des louanges grâce au podium d’Acosta et à la vitesse de Bastianini avant sa chute. Pernat a rappelé que la marque autrichienne a perdu plusieurs figures clés ces dernières années – de Davide Sterlacchini à Francesco Guidotti en passant par leur responsable moteur – et reste pourtant compétitive.
« Acosta apprend de ses erreurs, mais il progresse vite. Bastianini pousse également, tandis que Viñales semblait le plus proche de dompter la moto avant sa chute. Espérons qu’il soit remis pour Barcelone. Malgré les départs, KTM reste compétitif, et cela force le respect », a souligné Pernat.
Yamaha : en attente d’avenir
Les difficultés de Yamaha persistent en 2025. Pernat pense que le constructeur a déjà tourné la page du moteur actuel pour préparer un V4, sacrifiant ainsi le présent. Une stratégie qui affecte directement ses pilotes, notamment Fabio Quartararo, de plus en plus démotivé.
« Quartararo sait que la moto a atteint sa limite de développement », a expliqué Pernat. « Yamaha a confirmé Jack Miller et Toprak Razgatlıoğlu pour l’avenir. Personnellement, j’aurais conseillé à Toprak d’attendre encore un an. Il a besoin de garanties pour ne pas se retrouver en 2026 avec une moto dépassée. Quartararo en a obtenu lors de sa prolongation, j’espère que Toprak aussi. »
Honda : en manque de leader
Les résultats de Honda en Hongrie ont été corrects mais ternes. Des pilotes comme Luca Marini ont terminé dans le top 10, mais selon Pernat, l’équipe manque cruellement d’un leader.
« Finir cinquième, sixième ou dixième, c’est acceptable mais insuffisant. Honda n’a pas de pilote de référence. Ducati a Márquez, Yamaha a Quartararo, KTM a Acosta, mais Honda n’a personne dans ce rôle. L’idée évoquée par le manager de Martín de le faire signer chez Honda n’était pas absurde, mais son contrat de deux ans l’attache ailleurs. »
Prochaines étapes : Barcelone et Misano
Les deux prochaines manches – Barcelone et Misano – seront décisives pour la suite du championnat. Ducati attend de Bagnaia une confirmation de son retour en forme. Aprilia voudra prouver que ses progrès sont durables. KTM cherchera à poursuivre sur sa lancée et à accompagner la croissance fulgurante d’Acosta.
Quant à Márquez, l’équation reste simple : continuer à gagner, et le titre pourrait tomber à Misano. Décrocher un neuvième sacre sur les terres de Valentino Rossi serait non seulement historique, mais aussi symbolique de la transition générationnelle qui définit MotoGP depuis des années. Pour Márquez, qui a dû reconstruire sa carrière après ses blessures, ce serait l’ultime consécration.
Conclusion
Le Grand Prix du Balatonring 2025 a parfaitement illustré la dynamique actuelle du MotoGP. Márquez est la référence, un pilote maître de son destin. Acosta poursuit son ascension, Aprilia gagne en compétitivité, Yamaha attend son renouveau et Honda cherche sa direction.
Mais une chose domine toutes les autres : la marche triomphale de Márquez vers un neuvième titre. À chaque week-end, il se rapproche un peu plus de l’histoire. Que ce soit à Misano ou plus tard, 2025 restera comme l’année où Marc Márquez est redevenu non seulement un prétendant, mais le roi incontesté du MotoGP.
