Marc Márquez égale le record de victoires d’Agostini avec un triomphe héroïque au GP des Pays-Bas malgré deux violentes chutes lors des essais à Assen
Marc Márquez a une fois de plus démontré son incroyable ténacité, sa résilience sans faille et sa quête acharnée de l’excellence en livrant une performance magistrale lors du Grand Prix des Pays-Bas 2025 à Assen. Surmontant deux terribles chutes lors des essais, le pilote espagnol a remporté la course du dimanche, égalant ainsi le record de 68 victoires en catégorie reine détenu par la légende Giacomo Agostini. Désormais, seul l’icône italienne Valentino Rossi reste devant lui au classement des victoires toutes catégories MotoGP confondues, avec un total de 89 succès.
Mais cette victoire à Assen ne constitue pas uniquement un jalon statistique. Elle vient aussi renforcer l’emprise de Márquez sur le championnat du monde MotoGP 2025. Après dix manches disputées, le pilote Ducati occupe la tête du classement général avec 307 points, soit 68 d’avance sur son frère cadet et principal rival pour le titre, Álex Márquez. Malgré son abandon lors du Grand Prix dominical, ce dernier reste deuxième du classement, avec 58 points d’avance sur Francesco Bagnaia, pilote du team Ducati Lenovo et champion du monde en titre.
Une campagne de championnat en pleine ascension
La victoire de Márquez aux Pays-Bas est sa sixième en Grand Prix cette saison, à laquelle s’ajoutent neuf succès lors des courses Sprint du samedi — un record pour 2025. À 32 ans, le pilote espagnol dispute sa première saison au sein de l’équipe officielle Ducati après avoir quitté Gresini, et il affiche une impressionnante alchimie avec la Desmosedici GP25, mêlant expérience, agressivité et maîtrise mécanique.
Même s’il n’a pas signé les meilleurs temps absolus du week-end, c’est grâce à sa science de la course et à sa précision dans les virages — notamment dans le très technique virage 15 d’Assen — que Márquez a réussi à prendre l’avantage sur ses concurrents. Dimanche, il a franchi la ligne d’arrivée devant Marco Bezzecchi (Aprilia), tandis que samedi, il a remporté la Sprint de justesse face à son frère Álex, profitant des sections sinueuses pour résister aux attaques du pilote Gresini.
Cette victoire est la troisième consécutive en Grand Prix pour Márquez — une première depuis 2019, saison au cours de laquelle il avait aligné cinq succès de rang en route vers son sixième titre mondial.
Deux chutes à plus de 160 km/h lors des essais
Mais ce triomphe à Assen ne fut en rien une formalité. Le vendredi du week-end néerlandais a été marqué par deux violentes chutes pour Márquez, dans deux séances d’essais différentes. La première est survenue au redoutable virage 15 (Ramshoek), rapide et dangereux, et la seconde au virage 7 (Ruskenhoek), autre secteur à haute vitesse. Dans les deux cas, les chutes ont eu lieu à plus de 160 km/h, l’Espagnol perdant l’avant de sa machine dans l’un des cas, et l’arrière dans l’autre.
S’il a eu la chance de ne pas subir de fractures ou de blessures graves, Márquez a néanmoins souffert physiquement : il a reçu des points de suture au menton et a reconnu être gêné tout au long du week-end. Malgré cela, il a poursuivi sa participation avec courage, adaptant son pilotage à ses douleurs et gardant une attitude combative mais posée pendant la Sprint et la course principale.
Ces incidents ont suscité l’inquiétude du journaliste spécialisé Mat Oxley, vétéran de MotoGP, qui a critiqué dans Motor Sport Magazine la quête constante de performance du pilote espagnol, parfois au mépris des limites de sécurité. Oxley a même interpellé Luigi “Gigi” Dall’Igna, directeur général de Ducati, pour qu’il tente de canaliser ce qu’il appelle le « couple interne » de Márquez — une métaphore évoquant son insatiable volonté de tout donner.
« Ses deux chutes aux Pays-Bas ont eu lieu à plus de 160 km/h, dans des virages où beaucoup de pilotes ont déjà été gravement blessés », écrit Oxley. « Il a eu de la chance de ne pas devoir manquer une ou deux courses. C’est là que se trouve sa vulnérabilité, et c’est sur ce point que Dall’Igna devrait concentrer ses efforts. »
Toutefois, le journaliste a reconnu la difficulté — voire l’impossibilité — de la tâche, rappelant que de nombreux ingénieurs et chefs d’équipe ont déjà tenté de tempérer Márquez… sans succès.
« Pas que Dall’Igna y parvienne. Ils sont nombreux à avoir essayé de le calmer — sans résultat. C’est dans sa nature. Si on lui enlève ça, que reste-t-il ? »
Brillance tactique et reconnaissance de Ducati
Malgré les chutes alarmantes des essais, Márquez s’est montré impérial en course. Sa stratégie à Assen reposait sur une gestion intelligente des pneus, des dépassements précis et une attaque précoce pour prendre les devants. Parti quatrième sur la grille — son pire départ de la saison à égalité — il a rapidement gagné des places, utilisant la puissance brute de sa Ducati et sa confiance dans les freinages tardifs pour prendre l’ascendant.
Chez Ducati, les éloges n’ont pas tardé. Luigi Dall’Igna a salué l’état d’esprit combatif de son pilote et la justesse de ses choix en course. Le team manager Davide Tardozzi a lui aussi encensé Márquez, mettant en avant son implication remarquable avec les ingénieurs durant tout le week-end. Il a décrit son approche comme « excessive » au sens positif du terme, soulignant son travail acharné pour régler parfaitement la GP25 avant la course de dimanche.
Ce nouveau succès est la confirmation que Márquez retrouve progressivement la forme dominante qui l’avait porté vers six titres mondiaux en catégorie reine, et trois victoires consécutives en Grand Prix n’avaient plus été vues chez lui depuis l’été 2019 avec Honda.
Prochaine étape : le Sachsenring, son jardin préféré
Márquez se tourne maintenant vers la prochaine manche du championnat, le Grand Prix d’Allemagne au Sachsenring — un circuit où il affiche l’un des palmarès les plus impressionnants de l’histoire du MotoGP. Il y compte déjà huit victoires en catégorie reine. Le tracé serré, dominé par des virages à gauche, correspond parfaitement à son style basé sur la maîtrise des appuis et un contrôle d’accélération chirurgical.
Compte tenu de sa forme actuelle et de sa domination historique sur ce circuit, une quatrième victoire consécutive en Grand Prix semble tout à fait envisageable. Ce serait un nouveau pas vers le titre mondial 2025 et un rapprochement significatif du record de victoires et de titres détenus par Rossi.
Une légende en marche vers le statut d’icône absolue
À mi-saison, Márquez est en position de force — aussi bien dans le championnat que dans les annales de la MotoGP. Avec 68 victoires en catégorie reine, il rejoint Giacomo Agostini à la deuxième place du classement historique, et n’est plus qu’à 21 longueurs de Rossi.
Côté titres, il en compte actuellement six. S’il parvient à décrocher le titre 2025, il égalera Rossi avec sept couronnes en MotoGP, se plaçant potentiellement en tête des bilans historiques de la discipline.
Certes, son style agressif et ses prises de risques continuent de susciter des débats, mais ses résultats parlent d’eux-mêmes. Sa capacité à revenir après les blessures, à surmonter les obstacles et à répondre aux critiques témoigne d’une force mentale rare dans l’ère moderne du sport.
Pour l’heure, Marc Márquez poursuit sa route à sa manière — à fond, toujours à la limite, avec la grandeur au bout du guidon.