Le Sprint de Misano de Fabio Quartararo se termine par un nouveau crash alors que la star de Yamaha lutte contre des problèmes de pneus en saison MotoGP 2025
La saison 2025 de MotoGP, déjà mouvementée pour Fabio Quartararo, a connu un nouveau coup dur à Misano. Le pilote Yamaha a chuté alors qu’il occupait la quatrième place lors du Sprint du Grand Prix de Saint-Marin, samedi. Le Français, qui abordait le week-end avec la volonté de relancer sa campagne, a enregistré son septième abandon de l’année — une saison marquée par l’inconstance, les chutes et des soucis persistants liés aux pneumatiques.
Âgé de 26 ans et sacré Champion du Monde MotoGP en 2021, Quartararo réalisait pourtant une solide journée de samedi jusqu’à cet incident. Qualifié en première ligne avec le troisième temps, à seulement quelques centièmes de la pole, il avait pris un bon départ parmi les hommes de tête. Mais sa course a basculé au 5e tour (sur 13), lorsqu’il a perdu l’avant de sa Yamaha YZR-M1 dans le virage 2 en défendant sa position face au pilote VR46, Fabio Di Giannantonio.
Bien qu’il ait semblé, dans un premier temps, avoir simplement trop attaqué, Quartararo a révélé après coup que l’accident avait été déclenché par de « fortes vibrations » ressenties avec son pneu arrière tendre.
« Je ne suis pas tombé parce que j’ai exagéré, expliqua-t-il en rentrant au paddock. Je ressentais déjà de grosses vibrations du côté gauche du pneu dans le dernier virage. Ensuite, en entrant dans le virage 2, la moto a rebondi — d’abord l’arrière, puis l’avant. C’était impossible à sauver. »
Ces propos illustrent un problème récurrent qui hante Yamaha en 2025 : la difficulté à mettre les pneumatiques, surtout l’arrière tendre, dans la bonne fenêtre de température lors des premiers tours. Quartararo avoue aborder chaque course avec une certaine appréhension au départ, incertain de la réaction de la moto et des pneus.
« Les premiers tours me préoccupent toujours, poursuivit-il. On a du mal à chauffer l’arrière tendre. Même en qualifications, je dois rouler un tour lent, puis pousser sur deux tours rapides pour mettre le pneu en température. Ce n’est pas normal. »
Une saison marquée par les déboires en Sprint
La chute de Misano constitue déjà le quatrième abandon de Quartararo en Sprint cette saison, confirmant sa malchance dans ces courses du samedi à mi-distance. Plus tôt dans l’année, il n’avait pas vu l’arrivée à Jerez, Assen et lors du tout premier Grand Prix de Hongrie à Balaton Park.
Chaque incident a laissé un goût amer :
Espagne, Jerez (manche 4) : accrochage avec Marc Márquez alors qu’il se battait pour la tête, il perd l’avant en tentant de résister à l’octuple champion. Pays-Bas, Assen (manche 8) : en lutte pour le podium, il chute et prive Yamaha d’un résultat moralement important. Hongrie, Balaton Park (manche 9) : sa course s’arrête dès le départ après un contact avec la Ducati d’Enea Bastianini.
Les Grands Prix dominicaux n’ont guère été plus cléments. Quartararo a également abandonné au Mans, à Silverstone et à Aragón, tous entre les manches 6 et 8. Cette série noire à mi-saison a anéanti ses espoirs de championnat, le condamnant à courir après le classement.
L’accident de Misano en détail
À Misano, Quartararo avait pourtant bien géré son début de Sprint. Après avoir perdu du terrain face à Márquez au départ, il s’était installé dans la bagarre pour la quatrième place, sous la menace de Di Giannantonio et Morbidelli. Déterminé à consolider son rythme dans le top 5, il a vu ses espoirs s’effondrer au 5e tour.
Il a ensuite expliqué que les vibrations de l’arrière avaient déstabilisé la moto. En entrant dans le virage 2, la Yamaha a rebondi, déséquilibrant successivement les deux roues. La perte d’adhérence a été immédiate et, malgré ses efforts, il a fini dans les graviers.
La déception fut d’autant plus grande qu’il avait réalisé un excellent chrono en qualifications, troisième sur la grille à seulement 0,094 seconde de la pole de Marco Bezzecchi. Dans le box Yamaha, on espérait transformer cette performance en un résultat solide, voire rêver d’une première victoire en Sprint.
Mais le Français reste vierge dans ce format — une anomalie flagrante pour un pilote totalisant déjà 11 victoires en Grand Prix et un titre mondial.
Bezzecchi triomphe à domicile
Pendant que Quartararo sortait prématurément, le Sprint de Misano a souri à Marco Bezzecchi, vainqueur devant son public pour la deuxième fois de sa carrière dans cet exercice. Le pilote Aprilia s’est imposé d’un souffle face à Álex Márquez (Gresini Ducati), avec seulement 0,088 seconde d’écart.
Quartararo, qui n’était qu’à moins d’un dixième en qualifications, n’a pu profiter de cette rare chance de jouer devant.
Avec cette victoire, Bezzecchi rejoint le cercle fermé des pilotes multiplement victorieux en Sprint. Depuis l’introduction du format, 55 Sprints ont été disputés, remportés par seulement neuf pilotes, tous comptant désormais au moins deux succès.
Quelques éclaircies en 2025
Malgré cette série d’abandons, Quartararo a connu quelques satisfactions cette saison. Il a signé une troisième place au Sprint du Sachsenring et une deuxième à Barcelone, ses meilleurs résultats dans ce format en 2025. Ces podiums ont rappelé, par éclairs, le champion flamboyant de 2021 et le prétendant au titre de 2022.
Sur la distance complète, les top 5 se font rares. Avant Misano, le Niçois n’en comptait qu’un lors des cinq derniers Grands Prix, preuve des difficultés persistantes de Yamaha face à Ducati, Aprilia et KTM.
Espoirs pour le Grand Prix de Saint-Marin
Pour la course dominicale à Misano, Quartararo se veut néanmoins prudemment optimiste. Sa troisième place sur la grille lui offre une bonne base, et il estime que son rythme peut lui permettre de viser un top 5 — à condition que les soucis de pneus ne se répètent pas.
« J’espère que le pneu fonctionnera normalement dimanche, dit-il. Si c’est le cas, on pourra faire une belle course. Notre rythme est bon pour le top 5. Quand on voit nos difficultés, c’est déjà très positif d’avoir signé le troisième temps en qualifs. »
Désormais, l’objectif pour lui est clair : éviter d’autres abandons et engranger des points régulièrement jusqu’à la fin de saison. Le titre n’étant plus accessible, la priorité est au développement, à la stabilité et à la reconquête de confiance en vue de 2026.
Analyse : Les difficultés de Yamaha et le dilemme de Quartararo
La saison de Quartararo illustre parfaitement le malaise plus global de Yamaha dans une ère MotoGP dominée par Ducati et de plus en plus challengée par Aprilia et KTM. Le constructeur japonais peine à fournir à son pilote vedette une machine capable de viser régulièrement la victoire. Le déficit en vitesse de pointe reste criant, et les problèmes de gestion des pneus s’ajoutent à la frustration.
Pour Quartararo, l’avenir s’assombrit. Considéré comme le successeur naturel au trône de MotoGP après son sacre en 2021, il voit sa dynamique s’essouffler. Sa vitesse pure ne fait aucun doute, mais il doit trop souvent forcer avec la Yamaha pour rester dans le coup, ce qui engendre chutes et occasions perdues.
Les vibrations du pneu arrière à Misano sont plus qu’un simple incident technique : elles incarnent les faiblesses structurelles qui minent ses efforts depuis le début de l’année. Sans solutions rapides, Quartararo risque de gaspiller une nouvelle saison de son meilleur âge.
Conclusion
La chute de Fabio Quartararo à Misano ajoute un nouveau chapitre douloureux à une saison 2025 déjà chaotique. Son septième abandon, et le quatrième en Sprint, souligne à la fois sa malchance et les limites persistantes de Yamaha.
Pourtant, quelques éclats subsistent : une première ligne à Misano, des podiums au Sachsenring et à Barcelone, et surtout une détermination intacte. Dimanche, le Français espère transformer sa position sur la grille en un résultat solide.
Obtenir une course propre et un top 5 pourrait constituer la première étape pour redresser sa saison. Mais la vraie question demeure : Yamaha saura-t-il enfin lui offrir une machine compétitive ? La réponse déterminera non seulement la suite de 2025, mais aussi l’avenir de Fabio Quartararo au plus haut niveau du MotoGP.