Fabio Quartararo donne le ton à Assen dans des conditions chaotiques, mais s’attend à des défis plus ardus à venir
La première journée du Grand Prix des Pays-Bas sur le mythique circuit TT d’Assen s’est déroulée dans un contexte pour le moins mouvementé, marqué par une météo imprévisible, des conditions de piste piégeuses et une série de chutes ayant perturbé les sessions dans plusieurs catégories. Pourtant, au milieu de ce chaos, Fabio Quartararo, pilote du team Monster Energy Yamaha, a su tirer son épingle du jeu en réalisant la meilleure performance de la journée lors de la séance pré-qualificative de l’après-midi.
Après une matinée semée d’embûches – entre drapeaux rouges, pluie abondante et températures très basses – Quartararo a signé le meilleur chrono du jour, devançant de justesse Álex Márquez sur Ducati, pour un dixième de seconde. Si le Français s’est montré satisfait de cette performance, ses déclarations d’après-séance traduisaient un mélange d’optimisme prudent et de lucidité, notamment en raison de la hausse des températures attendue pour le reste du week-end – un facteur qui pourrait grandement influencer ses chances.
Un départ compliqué : froid glacial et interruptions répétées
La journée de vendredi a débuté sous un ciel plombé, la pluie tombée dans la nuit ayant laissé la piste d’Assen humide et insidieusement glissante. La faible température ambiante et celle de l’asphalte ont accentué les difficultés des pilotes, qui peinaient à chauffer leurs pneus – notamment les gommes medium – et à trouver un rythme fiable sur le tracé néerlandais.
Durant la première séance d’essais libres, le plateau MotoGP a connu un nombre anormalement élevé de chutes, provoquant plusieurs interruptions par drapeaux rouges. Le dernier secteur du circuit, réputé pour ses courbes rapides et enchaînées, s’est révélé particulièrement impitoyable, avec de nombreux pilotes, en MotoGP comme en Moto2, perdant le contrôle de leur machine.
Prudent dans ces conditions mixtes, Quartararo a choisi une approche mesurée en matinée. Plutôt que de forcer et risquer une chute, il s’est contenté d’un seul tour rapide, privilégiant la sécurité et préservant sa Yamaha ainsi que ses pneus en vue de l’après-midi.
« La manière dont on a commencé ce matin ne me laissait pas espérer grand-chose pour l’après-midi », a expliqué Quartararo lors de son point presse. « Avec tous les drapeaux rouges, je n’ai vraiment eu l’opportunité de faire qu’un seul tour. Il y avait beaucoup de trafic en piste et les conditions n’étaient pas idéales, mais malgré ce temps limité, le ressenti était plutôt bon. »
Une remontée l’après-midi : Quartararo en tête du classement
Au fil de la journée, les conditions se sont légèrement améliorées. Bien que la piste soit restée loin d’être parfaite, le soleil a brièvement percé, réchauffant juste assez le bitume pour permettre une fenêtre d’attaque chrono cruciale en seconde séance. C’est à ce moment que Quartararo a su faire parler son sens de l’adaptation et tirer profit de l’opportunité.
Malgré une fenêtre très réduite pour tenter un tour rapide, et alors que nombre de ses concurrents continuaient à se battre avec le grip, le champion du monde 2021 a su assembler un tour propre et rapide au guidon de sa Yamaha M1. Une performance suffisante pour lui permettre de dominer la feuille des temps, devant un Márquez combatif sur Ducati, et de rappeler qu’il est bien un prétendant sérieux ce week-end.
« C’était un bon tour », a-t-il expliqué. « Même si nous n’avons pas eu beaucoup de roulage clair à cause des interruptions, j’ai pu réaliser une bonne attaque chrono. Les sensations étaient très positives dans l’après-midi. On a pu faire un vrai pas en avant, et maintenant l’objectif est d’en faire un autre demain. »
Le tableau d’ensemble : le rythme de course reste incertain
S’il pouvait se satisfaire de sa performance sur un tour, Quartararo s’est également montré mesuré, rappelant que la véritable clef du week-end néerlandais réside dans le rythme de course et la gestion des pneus – en particulier pour l’épreuve complète du dimanche.
Interrogé sur son rythme lors de longs relais, le Français a livré une réponse nuancée :
« C’est correct, mais pas exceptionnel », a-t-il admis avec réalisme. « Pour la course sprint, je pense qu’on est bien placés. Le rythme semble suffisamment compétitif pour une distance courte. Mais pour la course du dimanche, c’est encore incertain. On a eu peu de temps de roulage aujourd’hui à cause des interruptions, donc c’est difficile de tirer des conclusions solides. Cela dit, je suis globalement satisfait de la direction que l’on prend. »
Gestion des pneus et grip : des éléments clés pour Yamaha
L’un des défis les plus persistants auxquels Quartararo fait face cette saison – et depuis plusieurs années sur la Yamaha M1 – concerne l’adhérence, notamment lorsque les températures s’élèvent. Si le moteur quatre cylindres en ligne de Yamaha et son châssis sont loués pour leur agilité et leur capacité en courbe, extraire de l’adhérence du pneu arrière lorsque la piste chauffe reste un point faible, surtout face à Ducati ou KTM.
Quartararo a reconnu que le grip était un sujet délicat, tout en précisant que les températures basses de vendredi avaient peut-être masqué certaines limites habituelles de la M1.
« Le grip aujourd’hui n’était pas parfait, mais pas catastrophique non plus », a-t-il estimé. « On roulait en medium, et avec une piste froide, c’était difficile d’amener les pneus à leur température optimale. C’est sûrement pour ça qu’on a vu autant de chutes. Les pneus n’étaient pas dans leur fenêtre de fonctionnement idéale, ce qui rendait tout plus imprévisible. »
Prévisions météo : la chaleur à venir, une source d’inquiétude
En se projetant vers la séance de qualifications et la course sprint de samedi, ainsi que vers la course principale de dimanche, Quartararo s’est dit préoccupé par la hausse des températures annoncée. Si le beau temps réjouit généralement les spectateurs, pour le clan Yamaha, c’est plutôt une source d’inquiétude.
« Plus il fait chaud, plus c’est compliqué pour nous », a-t-il avoué sans détour. « C’est un schéma qu’on a déjà vu. Quand les températures sont basses, on arrive à mieux exploiter les pneus, surtout à l’arrière. Mais dès que la chaleur monte, ça devient plus difficile de rester compétitifs. On va devoir s’adapter et chercher un réglage qui nous permette de mieux gérer l’usure et le grip. Bien exploiter le pneu arrière sera la clef. »
Le Français a également évoqué les difficultés récurrentes dans le dernier secteur du circuit, là où de nombreux pilotes Moto2 sont aussi partis à la faute.
« Je ne comprends pas totalement pourquoi autant de pilotes tombent à cet endroit », a-t-il reconnu. « Mais avec le pneu avant soft, je me sentais plutôt bien là-bas. C’est une donnée à prendre en compte pour le choix des pneus demain. »
Samedi : tout repose sur les qualifications
Avec une première journée désormais derrière eux, l’équipe Yamaha se concentre désormais sur la séance de qualifications cruciale du samedi. À Assen, circuit fluide avec une trajectoire étroite, les dépassements sont notoirement compliqués, et une bonne position sur la grille peut faire toute la différence.
Un constat que Quartararo connaît bien, lui qui vise clairement une place en première ligne.
« On doit bien se qualifier », a-t-il martelé. « Assen n’est pas un circuit où il est facile de doubler, donc partir devant est essentiel si on veut faire un bon week-end. On a une base solide après aujourd’hui, mais maintenant il faut affiner les réglages de la moto pour se mettre dans les meilleures conditions, autant pour la sprint que pour la course principale. »
Conclusion : un début prometteur, mais des obstacles à franchir
La journée de vendredi de Fabio Quartararo à Assen illustre parfaitement l’art de tirer profit de conditions adverses. Dans une séance marquée par les chutes, les caprices météorologiques et les interruptions incessantes, il a signé le meilleur temps du jour et montré des éclairs de la forme qui lui avait permis de devenir champion du monde en 2021. Mais la route reste semée d’embûches.
Avec la chaleur annoncée et les difficultés persistantes de Yamaha concernant le grip du pneu arrière dans ces conditions, Quartararo sait que dominer une feuille de temps un vendredi n’est qu’un début. Les vrais défis l’attendent samedi en qualifications et surtout dimanche en course, où la gestion des pneus, la constance du rythme et l’adaptabilité stratégique seront décisives pour transformer cette promesse en podium.
Pour l’instant, le Français reste concentré, lucide et prudemment confiant – un état d’esprit qui pourrait bien s’avérer crucial sur un circuit aussi imprévisible qu’Assen, prêt une fois de plus à livrer un week-end riche en rebondissements et en sensations fortes.