Feud Rossi–Marquez 2015 revisitée — Une réécriture approfondie
La retombée houleuse entre Valentino Rossi et Marc Marquez en 2015 reste l’une des controverses les plus commentées de l’histoire de MotoGP. Ce qui avait commencé comme une relation amicale, presque mentorale, lors de l’ascension de Marquez vers la catégorie reine, a explosé en hostilité ouverte lors des dernières manches de la saison, laissant des cicatrices durables dans les relations du paddock et dans le récit du sport. Aujourd’hui, alors que Dorna envisagerait la production d’un documentaire sur ces événements, une figure vétérane du paddock, Carlo Pernat, a exprimé son scepticisme — estimant que cette histoire a peut-être déjà été racontée trop de fois.
Comment le conflit a éclaté
Les tensions ont éclaté publiquement pour la première fois lors du Grand Prix d’Australie, à Phillip Island. Rossi a accusé Marquez d’avoir volontairement ralenti ou interféré dans sa course d’une manière qui favorisait Jorge Lorenzo, alors qu’il ne restait que deux épreuves dans la lutte pour le titre. Cette accusation a semé la graine de la méfiance.
Une semaine plus tard, à Sepang, la situation a dégénéré. Au cours d’un duel intense en piste, Rossi et Marquez se sont touchés ; Rossi a été filmé semblant donner un coup de pied à la moto de Marquez, ce qui a poussé ce dernier à élargir sa trajectoire, avant de chuter. Les commissaires de course ont sanctionné Rossi, le reléguant en fond de grille pour la finale de la saison à Valence, ce qui a, de fait, mis fin à ses espoirs de barrer la route à Lorenzo pour le titre. Cette série d’événements a figé l’animosité et transformé une rivalité d’une saison en rancune durable.
L’initiative documentaire de Dorna
Selon Carlo Pernat — acteur de longue date dans la gestion et le développement de carrières de pilotes, ayant travaillé notamment avec Rossi et Max Biaggi — Dorna a contacté des pilotes pour obtenir du matériel en vue d’un film centré sur la saga de 2015. Pernat a confié à MOW qu’avant même que le rachat par Liberty Media ne franchisse les obstacles réglementaires, Dorna cherchait déjà à réunir vidéos et témoignages sur l’affrontement Rossi–Marquez.
Cette démarche s’inscrit dans un mouvement plus large vers des récits à forte visibilité dans le sport automobile, notamment sous l’influence d’entreprises habituées à gérer de vastes opérations médiatiques. Pernat suggère que l’empreinte de Liberty se fait déjà sentir sur le marketing MotoGP, orienté vers des projets plus ambitieux — ce qui expliquerait pourquoi un documentaire de ce genre est désormais envisagé.
Pourquoi Pernat met en garde contre un retour sur 2015
Tout en reconnaissant le potentiel évident d’un tel sujet, Pernat se montre sceptique. Son objection principale est simple : la saison 2015 a déjà été couverte de manière exhaustive. Selon lui, revenir sur ce terrain n’aurait de sens que si le documentaire servait un objectif plus large — par exemple, s’intégrer dans un projet global ou adopter un angle réellement nouveau, apportant des éclairages inédits plutôt que de recycler une polémique ancienne.
Pernat a également souligné que pilotes et autres acteurs du paddock ont déjà été approchés, ce qui montre que Dorna en est au moins au stade exploratoire. Il avertit toutefois du risque de « dépasser les bornes » si la production mise trop sur le conflit pour le simple spectacle, au détriment d’un contexte équilibré.
La position des pilotes — et la possibilité d’une réconciliation
Publiquement, Marc Marquez a déclaré qu’il ne serait pas celui qui prendrait l’initiative d’une réconciliation ; selon lui, toute trêve devrait venir d’une volonté partagée. Cette position réduit les chances de voir apparaître à l’écran une conclusion harmonieuse, à moins que les deux hommes n’acceptent d’ouvrir le dialogue sur le passé. On ignore encore si Rossi accepterait de revisiter cette période — et à quel degré de franchise l’un ou l’autre se prêterait au jeu.
Ce qu’un documentaire pourrait apporter (et ce qu’il risque)
Un documentaire bien conçu pourrait aller au-delà du simple sensationnalisme : il pourrait explorer les pressions tactiques et psychologiques d’une lutte pour le titre, les forces médiatiques et commerciales qui amplifient les rivalités, ainsi que le coût humain quand des relations personnelles se brisent sous l’intensité sportive. S’il est produit avec soin, il pourrait éclairer le public sur la gouvernance, les décisions des commissaires, et la manière dont le sport gère les conflits internes.
À l’inverse, le projet risque de se limiter à recycler des images et déclarations déjà largement diffusées, sans apporter de nouvelles preuves ou perspectives. L’avertissement de Pernat soulève une question plus large sur l’éthique du récit sportif : à quel moment revisiter une controverse permet-il d’informer le public, et à quel moment cela revient-il à exploiter d’anciennes blessures pour générer de l’audience et des abonnements ?
En résumé
L’affrontement Rossi–Marquez de 2015 continue de résonner auprès des fans et des acteurs du paddock, ce qui en fait un sujet attractif pour un traitement documentaire. Les démarches rapportées de Dorna auprès des pilotes suggèrent qu’il existe au moins un intérêt préliminaire pour transformer cet épisode en récit filmé. Mais des voix comme celle de Carlo Pernat appellent à la prudence — estimant que, sauf à apporter de nouvelles perspectives ou à s’inscrire dans un projet constructif plus large, une nouvelle version risquerait de paraître redondante et sensationnaliste.