Moteur Ducati MotoGP 2025 : une avancée pour certains pilotes, un défi pour d’autres
Par André Lecondé | 27 mai
En MotoGP, le progrès technologique est une quête incessante, et Ducati reste à l’avant-garde. Son moteur 2025, qui équipera également ses motos en 2026, représente l’aboutissement d’années d’innovation, mais tous les pilotes n’en bénéficieront pas de manière égale. Bernardelle, ancien ingénieur chez Aprilia, a partagé son point de vue sur ce développement dans un segment détaillé sur la chaîne YouTube ZamTube, expliquant comment les derniers choix techniques de Ducati façonnent le paysage compétitif.
Un règlement technique strict limite l’innovation
Bernardelle a commencé par souligner le cadre strict qui régit le développement des moteurs en MotoGP. Au cours des deux dernières saisons, les constructeurs ont été autorisés à développer et à tester jusqu’à trois versions de moteur différentes avec leurs pilotes officiels. Cependant, ils doivent fonctionner dans des limites clairement définies : les moteurs sont limités à un alésage de 81 mm, une cylindrée totale de 1 000 cm³ et un maximum de quatre cylindres. Ces spécifications visent à garantir l’équité de la compétition et la maîtrise des coûts, mais elles limitent également les possibilités d’innovations révolutionnaires.
L’un des principaux obstacles auxquels les équipes sont confrontées est la consommation de carburant. La capacité du réservoir étant strictement réglementée, les moteurs doivent être réglés pour une utilisation optimale du carburant en course. Cela oblige souvent les ingénieurs à réduire la puissance pour éviter les pannes d’essence. Contrairement à la Formule 1, le MotoGP n’autorise pas les systèmes d’injection directe, ce qui limite encore davantage la gestion des performances des équipes.
La longévité est un autre facteur. Chaque moteur est censé parcourir entre 7 000 et 8 000 kilomètres par saison. Par conséquent, les constructeurs sont constamment à la recherche d’un équilibre délicat entre maximisation de la puissance et garantie que le moteur puisse supporter les rigueurs d’un calendrier de course complet.
Les priorités d’ingénierie de Ducati
Selon Bernardelle, les ingénieurs Ducati ont axé leur développement autour de deux objectifs clés. Le premier est d’améliorer le rendement volumétrique, c’est-à-dire la capacité du moteur à aspirer et à brûler le mélange air-carburant optimal pour une puissance maximale. Le second est d’augmenter le régime moteur maximal (tours par minute), ce qui permet au moteur de générer davantage de puissance à haut régime.
Cependant, l’augmentation du régime moteur a des effets secondaires. L’une des conséquences majeures est l’impact sur le frein moteur, la décélération naturelle qui se produit lorsque le pilote coupe les gaz. Un moteur à haut régime génère des forces de freinage plus importantes, ce qui peut rendre plus difficile le contrôle des entrées de virage. Bernardelle souligne que les pilotes modernes sont extrêmement sensibles au comportement du frein moteur, et que même de petits changements peuvent affecter leur confiance et leur rythme.
Le facteur humain : les pilotes réagissent différemment
Le nouveau moteur Ducati est peut-être un chef-d’œuvre technique, mais ses caractéristiques ne conviennent pas à tous. Bernardelle explique que ce moteur exploite les atouts de Marc Marquez, qui s’épanouit sur une moto au comportement agressif du train avant. Son style de pilotage, marqué par des freinages tardifs et une utilisation intensive des mouvements de caisse, lui permet d’exploiter la réactivité plus vive du nouveau moteur.
En revanche, Pecco Bagnaia, champion du monde en titre, pourrait rencontrer des difficultés avec ce nouveau réglage. Son style repose sur une moto plus souple et plus stable en entrée de virage. Pour lui, le frein moteur accru et la réponse plus vive de l’accélérateur pourraient rendre la moto plus difficile à gérer, notamment dans les sections techniques du circuit.
Flexibilité limitée à venir
En raison du gel du développement moteur en MotoGP, Ducati ne pourra pas apporter de modifications significatives au moteur une fois celui-ci homologué. Cela signifie que les pilotes devront adapter leur technique à la machine, et non l’inverse. Comme le souligne Bernardelle, cette transition ne sera pas facile pour tous les pilotes, et ceux qui ne s’adapteront pas rapidement pourraient se retrouver désavantagés.
En conclusion, si le moteur Ducati 2025 représente un bond en avant en termes de performances et d’efficience, ses avantages ne sont pas répartis équitablement. Pour certains, comme Marquez, il ouvre la voie à une plus grande compétitivité. Pour d’autres, comme Bagnaia, il pose de nouveaux défis qui exigeront des ajustements importants.