Marc Márquez entame un Grand Prix des Pays-Bas éprouvant avec deux chutes à haute vitesse à Assen
Le week-end très attendu de Marc Márquez au Grand Prix des Pays-Bas a débuté de manière dramatique et éprouvante, alors que le pilote espagnol a subi deux violentes chutes lors des séances d’essais du vendredi sur le TT Circuit Assen. La star de Ducati, arrivée aux Pays-Bas pleine de confiance après un week-end parfait au Mugello, a dû affronter les exigences physiques et mentales d’un des circuits les plus emblématiques — et redoutés — du calendrier MotoGP.
De la domination au Mugello à la désillusion néerlandaise
Márquez abordait la manche d’Assen dans une forme exceptionnelle. Le pilote de 32 ans venait tout juste de dominer le Grand Prix d’Italie, remportant à la fois la course Sprint et la course principale. Ce doublé portait son total à 13 victoires cette saison, toutes catégories confondues, consolidant son avance au classement général. Il renouait également avec le succès au Mugello, un circuit où il n’avait plus gagné depuis 2014, et confirmait ainsi son excellente adaptation à la Ducati GP25 en spécification usine.
Fort d’une avance de 40 points sur son frère cadet, Álex Márquez, l’ancien pilote Honda est arrivé à Assen avec l’objectif d’étendre sa série de victoires. Mais au lieu de poursuivre sur sa lancée, il s’est retrouvé confronté à la rudesse du circuit néerlandais — connu pour sa vitesse élevée et ses zones de dégagement impitoyables.
Une chute violente en FP1 donne le ton
Les premiers signes de difficulté sont apparus dès la première séance d’essais libres (FP1) du vendredi, lorsque Márquez a été victime d’une lourde chute qui l’a projeté violemment dans le bac à gravier. Les premières observations laissaient craindre une luxation d’un doigt, tant le pilote semblait sonné et souffrant.
Malgré la violence de l’accident, Márquez a démontré, une fois de plus, la ténacité qui fait sa réputation. Après un rapide passage au stand médical, il a repris la piste et signé le meilleur temps de la matinée. Toutefois, derrière cette performance, le pilote espagnol souffrait déjà de blessures, et les risques étaient loin d’être terminés.
FP2 : une séance chaotique marquée par les chutes
La deuxième séance d’essais libres (FP2), plus tard dans la journée, s’est transformée en véritable chaos, avec une série de chutes spectaculaires impliquant plusieurs pilotes. Au fil des minutes, Ai Ogura et Lorenzo Savadori ont été victimes de highside très violents, nécessitant l’interruption de la séance par drapeau rouge, le temps que les secours interviennent et dégagent les motos accidentées.
Puis, à seulement deux minutes de la fin de la session, Márquez est de nouveau parti à la faute — cette fois dans le très redouté virage n°7. Dans une chute étrangement similaire à celle du matin, le pilote Ducati a perdu le contrôle de sa machine et a glissé à haute vitesse dans les graviers, suscitant de nouvelles inquiétudes sur son état de santé.
Pris en charge rapidement par les commissaires de piste et l’équipe médicale, il a été transporté au centre médical du circuit pour des examens. Les premières constatations ont révélé plusieurs abrasions et contusions, notamment au dos, au menton et aux jambes. Aucun os cassé n’a été diagnostiqué dans l’immédiat, mais les marques de l’accident étaient visibles, et la question de sa participation au reste du week-end restait en suspens.
Lorenzo revient sur un crash douloureusement familier
La chute de Márquez au virage 7 a ravivé des souvenirs douloureux pour les fans de MotoGP — et surtout pour Jorge Lorenzo, triple champion du monde. L’ancien coéquipier de Márquez chez Repsol Honda avait lui aussi chuté à cet endroit en 2019, un accident qui lui avait causé deux vertèbres fracturées et précipité la fin de sa carrière.
Lors de son intervention en direct sur DAZN, Lorenzo a exprimé à la fois son inquiétude et son amertume en revivant cette scène familière.
« L’impact est violent quand tu es éjecté, mais quand tu n’es pas projeté dans les airs et que tu es traîné, comme Marc l’a été, tu passes de l’asphalte au gravier sans tourner sur toi-même. C’est là que les vraies blessures arrivent », a-t-il expliqué.
Il a également rappelé à quel point cette portion du circuit pouvait être dangereuse :
« À 200 kilomètres à l’heure, dès que tu entres dans le gravier, tu peux commencer à tourner de manière incontrôlée — et c’est là que les blessures graves surviennent. Ce virage a mis fin à ma carrière. J’y ai fracturé mes vertèbres. Marc n’a pas tourné, mais il a frappé le gravier violemment, en gardant une vitesse très élevée. Il s’est vraiment fait mal. »
Ces paroles ont résonné comme un avertissement, soulignant la fine ligne entre courage et danger que les pilotes doivent franchir sur des circuits aussi rapides qu’Assen.
Une controverse grandissante sur la sécurité à Assen
Les nombreux accidents de la journée de vendredi ont relancé le débat sur la sécurité du circuit d’Assen. Bien que reconnu pour sa fluidité et apprécié par les pilotes pour son tracé rapide, le circuit néerlandais est également connu pour punir sévèrement les erreurs, avec des zones de dégagement parfois trop courtes.
Les deux chutes de Márquez, ainsi que celles d’Ogura, Savadori et d’autres, ont alimenté un flot de critiques sur les réseaux sociaux et dans le paddock MotoGP. De nombreux fans ont qualifié le tracé de « dangereux », soulignant les risques accrus de blessures graves lorsque plusieurs pilotes finissent dans les graviers à très haute vitesse, sans grande protection.
Comble de l’ironie, quelques jours plus tôt au Mugello, Márquez avait déjà été victime d’un incident hors piste lorsque des membres de Ducati l’avaient accidentellement fait tomber lors des célébrations sur le podium — un moment léger mais révélateur de l’imprévisibilité constante qui entoure ce sport.
Ducati face à un dilemme : prendre un risque ou laisser au repos ?
Face à cette situation délicate, l’écurie Ducati se retrouve devant un choix difficile. Bien que Márquez bénéficie d’une confortable avance de 40 points au championnat, l’équipe doit maintenant décider s’il est judicieux de le laisser courir à Assen malgré ses blessures, ou s’il est plus raisonnable de le ménager en vue des prochaines échéances.
Manquer une course ne serait certes pas idéal, mais Ducati pourrait privilégier la prudence si le pilote montre des signes de douleur persistante ou une mobilité réduite. L’enjeu à long terme est clair : l’équipe se bat pour le titre, non seulement contre ses rivaux, mais aussi contre les contraintes physiques d’un calendrier MotoGP toujours plus éprouvant.
Pour Márquez, ce type de situation n’est pas nouveau. Il a souvent roulé blessé, repoussant ses limites pour décrocher chaque point. Mais maintenant que le titre semble plus accessible que jamais depuis son passage chez Ducati, le pilote espagnol devra peut-être choisir entre la guérison et la compétition — un dilemme particulièrement difficile pour un compétiteur de sa trempe.
Conclusion : un week-end déjà lourd de conséquences
Le Grand Prix des Pays-Bas est loin d’être terminé, mais pour Marc Márquez, il a déjà laissé des traces profondes. Deux chutes à haute vitesse, des blessures visibles et une remise en question de la sécurité du MotoGP sont venus bouleverser ce qui devait être un nouveau week-end de domination.
Qu’il décide de continuer ou de faire une pause stratégique, une chose est sûre : Márquez reste au cœur des récits les plus intenses du MotoGP — et, une fois encore, le monde entier suivra avec attention la suite de son histoire.