Jack Miller dans le trafic au Grand Prix des Pays-Bas, tandis que Fabio Quartararo vit un calvaire parallèle : un week-end frustrant pour Yamaha à Assen
Le Grand Prix des Pays-Bas, disputé sur le légendaire circuit TT d’Assen, s’est révélé difficile et finalement décevant pour le pilote australien Jack Miller. Incapable de s’extraire d’un peloton très dense en milieu de grille, le pilote Pramac Yamaha a vu ses efforts vains, terminant la course à la 14e place, soit exactement là où il avait pris le départ.
Miller, qui cherche désespérément à retrouver de la constance et du rythme au cours de cette saison 2025 de MotoGP, s’est retrouvé coincé dans un groupe compact où les occasions de dépassement étaient quasiment inexistantes. Pourtant, il avait effectué un départ incisif, gagnant rapidement quelques positions et se rapprochant du top 10. Mais sa progression s’est arrêtée nette derrière la Ducati Gresini d’Enea Bastianini, dont la défense rigoureuse et le rythme solide se sont avérés infranchissables.
S’exprimant sans détour après la course, Miller a évoqué les défis tactiques et techniques qui ont marqué son dimanche à Assen.
« C’était vraiment une course bloquée en plein milieu du peloton, à batailler sans cesse », a déclaré Miller. « Je suis resté longtemps derrière Enea et je ne pouvais absolument rien faire. »
Le manque d’opportunités de dépassement a été accentué par des chronos très similaires entre les pilotes du milieu de grille. Avec peu de variations de rythme et quasiment aucun écart devant lui, l’Australien n’a jamais pu lancer une attaque significative. Il a également révélé que même après que son coéquipier chez Yamaha, Fabio Quartararo, l’a dépassé à mi-course, le Français s’est à son tour retrouvé prisonnier derrière Bastianini — preuve que ce goulet d’étranglement touchait tous les pilotes concernés.
« Même quand Fabio m’a doublé, j’étais curieux de voir s’il pouvait faire quelque chose », a ajouté Miller. « Il semblait un peu plus rapide, mais il s’est lui aussi retrouvé coincé. Quand tout le monde tourne dans les mêmes temps, il faut pratiquement attendre une erreur pour pouvoir passer. Sinon, c’est mission impossible. »
Mais ce ne sont pas seulement les batailles de position et la tactique qui ont freiné Miller. Le pilote de 29 ans a également dû composer avec des problèmes techniques persistants, notamment au niveau du frein moteur, qui ont sérieusement limité le potentiel de sa Yamaha. Pour tenter de pallier ces difficultés, il a modifié plusieurs fois la cartographie électronique pendant la course, passant de la Map 2 au 3e tour à la Map 3 au 10e. Mais ces ajustements n’ont eu aucun effet positif.
« On a eu pas mal de soucis avec le frein moteur », a-t-il expliqué. « J’ai essayé Map 2 assez tôt, puis Map 3, mais à partir de là, c’était fini pour moi. Je ne pouvais plus rien faire. »
De son côté, Fabio Quartararo n’a pas connu une journée plus heureuse, malgré un départ en pole position. Arborant une livrée spéciale rouge et blanche inspirée de la Yamaha R7 de 1999 pour célébrer l’héritage de la marque, le Français a vu sa course rapidement compromise lorsqu’il a dû sortir de piste pour éviter Fermin Aldeguer, victime d’une chute dans les premiers tours. Ce détour forcé l’a rétrogradé derrière Miller, mais il est parvenu à repasser l’Australien au 13e tour.
Néanmoins, comme Miller, Quartararo s’est heurté à l’étau du peloton médian, avec Bastianini toujours en facteur limitant. Il a tout de même réussi à terminer dans le top 10, franchissant la ligne à la 10e place. Un résultat certes honorable, mais qui souligne à quel point la bataille pour les positions secondaires était serrée : il n’a devancé Miller que de 1,3 seconde. Entre les deux Yamaha, Brad Binder (KTM), Johann Zarco (LCR Honda) et Alex Rins (Monster Yamaha) se sont également battus dans un peloton ultra-concurrentiel pour grappiller quelques points.
Pour les deux pilotes Yamaha, cette manche néerlandaise illustre parfaitement les difficultés structurelles rencontrées par la marque cette saison. L’incapacité à se battre régulièrement en tête ou à effectuer des dépassements décisifs en course est devenue une tendance préoccupante. Malgré tout, Miller a tenu à souligner quelques aspects positifs, notamment les données récoltées et les enseignements tirés de cette course exigeante.
« On a pu collecter pas mal d’informations utiles », a-t-il déclaré. « Il y a des éléments positifs sur la moto, mais aussi des points faibles évidents qu’il va falloir corriger. Voyons ce que l’on pourra faire en Allemagne. »
Avec la prochaine manche prévue au Sachsenring, circuit sinueux et technique réputé pour ses virages serrés et ses courtes lignes droites, Miller et l’équipe Pramac Yamaha espèrent convertir ces apprentissages en progrès concrets. Ce tracé pourrait offrir de nouvelles opportunités – ou de nouveaux défis – pour le style de pilotage de l’Australien et les caractéristiques de la Yamaha.
En parallèle, l’emploi du temps de Miller va s’intensifier dans les semaines à venir. Il s’envolera pour le Japon afin de commencer sa préparation pour la célèbre course d’endurance des 8 Heures de Suzuka, programmée pour le mois d’août. Cet événement, l’un des plus prestigieux du calendrier de l’endurance moto, l’obligera à changer de registre : il faudra privilégier les relais longs, la stratégie d’équipe et la gestion mécanique sur la durée – un contraste radical avec l’intensité du format MotoGP.
Son coéquipier Miguel Oliveira, quant à lui, a vécu un week-end encore plus difficile, contraint à l’abandon à la suite d’un accrochage dès les premiers tours. Le Portugais va désormais se tourner vers une session d’essais privés à Brno, où Yamaha et ses équipes satellites espèrent tester de nouveaux réglages et mises à jour techniques pour redynamiser leur seconde moitié de saison.
En conclusion, ce Grand Prix des Pays-Bas a servi de piqûre de rappel quant aux limites actuelles de Yamaha, tant chez l’équipe officielle que chez les satellites. Si des éclairs de potentiel continuent d’apparaître, notamment lors des qualifications ou dans les premiers tours, l’absence de régularité et de capacité de dépassement reste un obstacle majeur. Pour Jack Miller et son équipe, l’objectif immédiat sera de tirer les leçons de ce week-end frustrant afin de rebondir, progresser, et enfin retrouver le chemin des résultats probants — que ce soit dès l’Allemagne ou sur le long terme.