Fabio Quartararo Frustré Malgré Ses Meilleurs Résultats de la Saison au Sachsenring : « Yamaha n’a aucun potentiel actuellement »
Fabio Quartararo a peut-être enregistré son meilleur week-end de la saison MotoGP 2025 lors du Grand Prix d’Allemagne, mais le Champion du Monde 2021 a quitté le Sachsenring avec un sentiment de frustration et de désillusion plutôt qu’avec de la satisfaction. Même si une quatrième place lors de la course principale du dimanche et un podium avec une troisième place lors de la course Sprint de samedi sur piste humide pourraient laisser penser à une amélioration des performances du pilote Monster Energy Yamaha MotoGP, Quartararo a livré une évaluation d’une honnêteté brutale de la situation : selon lui, le package actuel proposé par Yamaha en MotoGP n’a « aucun potentiel » pour se battre à l’avant sur une course complète.
Le pilote français de 26 ans, qui incarne depuis plusieurs années les espoirs de Yamaha en catégorie reine, ne s’est pas retenu dans ses déclarations d’après-course. S’adressant à TNT Sports et à d’autres médias après le Grand Prix, Quartararo a clairement indiqué que, malgré ce que pourrait laisser croire le classement final, les problèmes fondamentaux de la M1 sont toujours aussi présents — voire même de plus en plus préoccupants.
Un Résultat Trompeur : « Nous sommes super lents »
Quartararo a franchi la ligne d’arrivée à la quatrième place lors du Grand Prix du dimanche, juste au pied du podium. Bien que ce résultat constitue un sommet en termes de points glanés sur une course longue cette saison, le pilote français était loin d’être satisfait de sa performance. Son inquiétude principale ne concernait pas sa position au classement, mais bien l’écart de temps considérable qui le séparait des leaders.
« Je ne suis pas content car nous sommes super lents », a-t-il affirmé sans détour. « Le ressenti sur la moto n’est pas bon, et nous terminons à plus de 18 secondes du vainqueur. Ce n’est pas notre objectif. On finit aussi à 10 secondes de Pecco [Francesco Bagnaia], qui est troisième, ce qui montre à quel point on est loin derrière. »
Même si une quatrième place serait d’ordinaire un motif de réjouissance, surtout dans une saison où Yamaha peine à entrer dans le top 10, Quartararo a insisté sur le fait que les écarts de temps racontent une toute autre histoire. Il a souligné que ce résultat ne reflétait en rien la compétitivité réelle de Yamaha et que l’équipe reste largement distancée par les constructeurs leaders en matière de rythme de course.
Aucune Confiance en la Pole : « Elle donne de faux espoirs »
Quartararo a également évoqué le sujet des qualifications, domaine dans lequel lui et Yamaha parviennent parfois à briller. Le Français a souvent réussi à tirer des tours rapides impressionnants de la M1 en qualifications, dissimulant temporairement les failles plus profondes de la moto. Mais selon lui, ces bonnes positions de départ n’ont plus vraiment de sens, car elles donnent une illusion erronée du potentiel réel de Yamaha sur la durée.
« Partir en pole peut aider un peu en course, mais en réalité, ça te donne de l’espoir qui ne correspond pas à ce qui se passe ensuite », a-t-il expliqué. « Tu ressens une montée émotionnelle, toute l’équipe est contente quand tu es en première ligne. Mais au fond, on sait tous qu’on va souffrir dès que le départ est donné. »
Il a même ajouté qu’il préférerait ne pas partir de la pole si cela signifie masquer les problèmes réels. « Il n’y a aucun intérêt à célébrer une pole si on sait que la moto n’a aucun potentiel en course. À l’heure actuelle, la M1 n’a aucun potentiel sur la durée d’un Grand Prix. »
Ce décalage entre les performances en qualifications et celles en course est devenu un trait marquant de la campagne 2025 de Yamaha. La M1 est capable, à l’occasion, de signer un bon chrono sur un tour lancé, mais dès que la course commence, avec la gestion des pneus, du carburant et le rythme sur la distance, Quartararo recule plus souvent qu’il ne progresse.
Un Problème de Grip Persistant Qui Gâche Tout
L’un des points techniques les plus préoccupants pour Quartararo au Sachsenring – et tout au long de la saison – reste le manque d’adhérence, particulièrement à l’arrière de la moto. Dans un MotoGP moderne où la traction en sortie de virage et la conservation des pneumatiques sont essentielles, Yamaha continue de ne pas fournir à ses pilotes la motricité nécessaire pour rester compétitifs.
« Le grip est vraiment très faible », a-t-il lancé. « C’est un problème majeur depuis le début de la saison, et on n’a toujours pas trouvé de solution. Cela veut dire qu’on est non seulement lents en sortie de virage, mais aussi qu’on ne peut pas gérer les pneus correctement sur la course. »
Ce manque chronique de traction limite l’accélération de la M1, compromet la régularité des temps au tour et rend les pilotes vulnérables aux dépassements ou simplement à être distancés au fil des tours. Malgré les efforts constants de développement menés par les ingénieurs Yamaha et l’équipe de test incluant l’ex-pilote MotoGP Cal Crutchlow, le Français ne croit pas que les solutions arriveront à temps.
Une Première Moitié de Saison Très Difficile
Interrogé sur son bilan de la première partie de saison, Quartararo n’a pas cherché à enjoliver la réalité. Son ton était grave lorsqu’il a résumé ce qu’il considère comme une campagne décevante jusqu’à présent.
« C’est une première moitié de saison très difficile », a-t-il admis. « On a progressé sur certains aspects, mais dans ceux qui comptent vraiment – l’adhérence, le rythme, la constance – on est toujours loin derrière. »
Le Français a désigné le week-end au Sachsenring comme un condensé de la saison : un début prometteur, des chronos encourageants et une bonne qualification, mais au final un écart inquiétant avec les leaders en condition de course réelle. Même son podium lors de la Sprint, obtenu dans des conditions humides, ne suffit pas à masquer les lacunes fondamentales.
« La Sprint était mouillée, et c’est la seule raison pour laquelle on a pu se battre pour le podium », a-t-il expliqué. « Quand les conditions sont mixtes ou que l’adhérence est basse, les écarts entre motos se réduisent, et le talent du pilote prend plus d’importance. Mais sur une course sèche à plein régime, on n’a pas les armes pour suivre. »
Tensions Croissantes et Décision Cruciale en Approche
Les propos francs de Quartararo ajoutent à la pression qui pèse sur le projet MotoGP de Yamaha. Autrefois une force dominante du championnat, Yamaha voit son influence s’éroder saison après saison, et Quartararo — qui leur a offert leur dernier titre mondial en 2021 — devient de plus en plus critique envers la direction technique du constructeur.
En 2024, Yamaha a tenté de relancer son programme en recrutant des ingénieurs de renom venus de Ducati et Ferrari, et en investissant davantage dans l’aérodynamique et la performance moteur. Mais malgré ces efforts, les améliorations concrètes se font attendre.
L’avenir de Quartararo chez Yamaha fait désormais l’objet de nombreuses spéculations dans le paddock. Son contrat court jusqu’à fin 2026, mais des rumeurs indiquent qu’il pourrait chercher à rompre son engagement si la M1 reste aussi peu compétitive. KTM et Aprilia seraient déjà intéressés par son profil, si une porte de sortie s’ouvrait.
Pour Quartararo, la suite dépendra de ce que Yamaha est capable de lui proposer sur la seconde moitié de saison. Il a affirmé être prêt à se battre pour l’équipe et à donner son maximum, mais seulement s’il entrevoit un chemin réaliste vers le retour aux avant-postes.
Les Problèmes de Yamaha : Un Constructeur Dépassé
Les difficultés de Yamaha ne se résument pas aux frustrations de Quartararo. Le constructeur japonais continue de perdre du terrain face à ses rivaux européens. Ducati, KTM et Aprilia repoussent sans cesse les limites en matière d’aérodynamique, de puissance moteur et de développement châssis, tandis que Yamaha peine à suivre.
L’absence d’équipe satellite pèse lourdement sur la capacité de développement de Yamaha. Avec seulement deux motos engagées (celles de Quartararo et d’Alex Rins), la marque dispose de beaucoup moins de données que Ducati, qui aligne huit Desmosedici réparties sur quatre équipes. Cela limite considérablement les possibilités de test de nouvelles pièces ou stratégies en conditions réelles.
De plus, la philosophie même de la M1 – conçue pour une conduite fluide et rapide en courbe – semble désormais obsolète face aux exigences actuelles du MotoGP, où les performances en freinage, l’accélération en sortie de virage et l’aéro jouent un rôle central.
Vers l’Avenir : Un Besoin Urgent de Changement
Alors que le championnat entre dans sa seconde moitié, il est impératif pour Yamaha de proposer des évolutions significatives. Quartararo reste capable de réaliser de grandes performances, surtout dans des conditions variables ou sur des circuits qui privilégient le pilotage, mais même son immense talent ne suffit plus à compenser les failles structurelles de la M1.
Les résultats du Sachsenring constituent ainsi une arme à double tranchant pour Yamaha. Sur le papier, la quatrième place et le podium en Sprint apportent des points précieux et un peu de moral. Mais derrière cette façade se cache une réalité bien plus inquiétante : l’écart avec le sommet reste énorme, et leur pilote vedette est de plus en plus vocal – et désabusé.
À moins d’un changement radical et rapide, Yamaha risque non seulement de continuer à reculer dans le classement, mais aussi de perdre son leader de projet dans un avenir proche.
Conclusion
Les déclarations de Fabio Quartararo après le Grand Prix d’Allemagne ont mis en lumière, avec une franchise rare, l’état actuel de Yamaha en MotoGP. Malgré un podium en Sprint et une solide quatrième place le dimanche, le Français reste profondément préoccupé par le manque d’adhérence, de rythme et de compétitivité de la M1. Son affirmation que la moto n’a « aucun potentiel » en conditions de course sonne comme un verdict implacable sur le projet actuel de Yamaha.
Alors que la saison entre dans sa phase cruciale, tous les regards se tournent vers la réponse que Yamaha apportera — tant sur le plan technique que stratégique. Pour Quartararo, la patience touche à sa fin, et si des progrès concrets ne sont pas visibles rapidement, un changement majeur dans le marché des pilotes MotoGP pourrait bientôt voir le jour.