Marc Márquez en route vers un septième titre MotoGP, Quartararo admet : “Il n’a pas d’égal”
Marc Márquez est en train de réaliser ce qui pourrait devenir l’une des saisons les plus dominantes de l’histoire récente du MotoGP. À la suite d’une nouvelle démonstration magistrale sur le circuit du Sachsenring, le pilote espagnol a creusé un écart considérable en tête du classement général, le plaçant sur une trajectoire presque imparable vers un nouveau titre mondial. Après 11 Grands Prix dans la saison 2025, Márquez compte 83 points d’avance sur son frère cadet, Álex Márquez, actuellement son plus proche rival.
À 31 ans, Marc Márquez est l’un des vétérans de la grille MotoGP, mais ses performances cette saison sont loin de refléter le poids des années. Bien au contraire, il semble avoir retrouvé une nouvelle jeunesse, livrant un niveau de domination digne de ses plus grandes années. Un retour au sommet, qui marquerait son premier titre en catégorie reine depuis 2019, apparaît aujourd’hui non seulement possible, mais presque inévitable. Sa forme irrésistible sur la première moitié de saison l’a replacé comme la référence absolue du paddock.
En 11 manches, le pilote espagnol s’est imposé à sept reprises. S’il maintient ce rythme effréné sur la seconde moitié de saison, il pourrait même battre son propre record de 13 victoires sur une année, établi en 2014 lors de sa campagne la plus dominante. Un cap que l’on pensait autrefois inaccessible, tant le niveau de concurrence et de parité est élevé dans l’ère actuelle du MotoGP.
Ses performances ont laissé pilotes comme spectateurs se poser une question de plus en plus évidente : existe-t-il quelqu’un capable de rivaliser véritablement avec le sextuple champion du monde ? Même son coéquipier chez Ducati, Francesco Bagnaia — champion en titre — n’a pas su opposer de résistance notable. L’Italien accuse un retard impressionnant de 147 points et n’a battu Márquez sur le plan du rythme pur que lors de trois sessions cette saison.
Ce qui aurait pu être : les perspectives d’Oliveira et Quartararo
Alors que Márquez renforce son emprise sur le championnat 2025, plusieurs voix dans le paddock se sont exprimées sur ce que la saison aurait pu être dans d’autres circonstances. Miguel Oliveira, aujourd’hui chez Pramac Racing, a notamment partagé son point de vue. Le Portugais estime que la physionomie du championnat aurait pu être très différente si Jorge Martín était resté chez Ducati et n’avait pas été freiné par des blessures.
Considéré comme l’un des jeunes talents les plus prometteurs du MotoGP, Martín avait quitté Ducati avant la saison 2025, mais a rapidement été contraint à l’arrêt en raison d’une blessure. Selon Oliveira, un Martín en pleine forme, sur une machine compétitive, aurait pu sérieusement challenger l’hégémonie de Márquez.
De son côté, Fabio Quartararo — ancien champion du monde et pilote Yamaha — a livré une analyse particulièrement lucide de la saison de Márquez. Dans une interview accordée à AS, le Français a reconnu que l’Espagnol évoluait à un niveau rarement atteint, aussi bien dans l’ère actuelle que dans l’histoire récente de la catégorie reine.
« Quand je parle de lui, ce n’est ni pour le glorifier ni pour le critiquer. Je suis juste honnête : il n’y a personne actuellement, ni même depuis dix ans, qui a atteint le niveau de Marc », a déclaré Quartararo. « Il est exceptionnel dans tous les domaines — que ce soit sur le sec, le mouillé, blessé ou en pleine forme. Il trouve toujours un moyen d’être rapide. C’est l’exemple même de l’excellence. »
Un talent rare, sans la moindre faiblesse
Quartararo a comparé les aptitudes de Márquez à un joueur de football dans un jeu vidéo, doté de la note maximale de 99 dans chaque catégorie. Une métaphore simple mais percutante, qui résume à quel point le pilote espagnol semble dépourvu de failles. D’après le Français, la plupart des pilotes — lui compris — ont des domaines où ils éprouvent plus de difficultés, ou des conditions dans lesquelles ils se sentent moins à l’aise. Pour Márquez, ces situations semblent inexistantes.
« J’ai mes points faibles — surtout quand la piste est partiellement humide ou que les conditions changent sans cesse. Mais Marc semble justement briller dans ces moments-là », poursuit Quartararo. « Il est rapide dans tous les scénarios. Qu’il fasse chaud ou froid, que la piste soit sèche ou piégeuse — il trouve toujours de l’adhérence et un bon rythme là où d’autres échouent. »
Il cite en exemple la performance héroïque de Márquez lors de la Sprint Race sous la pluie au Sachsenring. Parti depuis la cinquième place sur une piste humide et difficile, l’Espagnol a réussi une remontée impressionnante, s’adjugeant la victoire dans le dernier tour, consolidant ainsi son statut de pilote le plus complet de la grille.
« Dans des conditions changeantes ou inhabituelles, il est quasiment imbattable. Sur le sec, certains d’entre nous peuvent encore lui tenir tête. Moi, je sais que j’ai la vitesse sur un tour, quand tout est aligné. »
Des éclairs de vitesse dans une saison morose pour Yamaha
Malgré une nouvelle saison difficile avec Yamaha, Quartararo continue de démontrer sa vitesse pure — notamment en qualifications. Dans un championnat où les pole positions semblent réservées à Márquez, le Français est le seul autre pilote à en avoir décroché une. Il compte quatre poles en 2025, juste derrière les sept de Márquez.
Un exploit remarquable sur une Yamaha M1 qui occupe le bas du classement constructeurs. La machine japonaise souffre d’un manque de compétitivité, d’une grande instabilité et d’une forte sensibilité aux variations de conditions. Quartararo doit souvent compenser ces lacunes en poussant la moto à ses limites, ce qui lui a valu plusieurs chutes. Il a chuté dans trois des huit courses qu’il avait entamées depuis la première ligne — une preuve du niveau d’engagement qu’il met pour rester dans le coup.
Pourtant, selon lui, la douleur physique est bien moindre comparée à la frustration psychologique de ne pas avoir les outils nécessaires pour se battre à armes égales.
« Ça fait encore plus mal que de tomber », admet-il. « C’est une saison étrange et difficile. Je sais que je suis rapide sur un tour, mais nous ne sommes tout simplement pas compétitifs sur la durée d’une course. La moto se comporte de manière totalement différente selon la température ou l’adhérence. Un jour, on peut viser le top 5, le lendemain, on est hors du top 10. »
Il qualifie la Yamaha de « fragile » dans sa fenêtre de performance, expliquant que de petits changements dans les conditions peuvent complètement bouleverser son comportement. Cette instabilité rend très difficile l’élaboration de stratégies de course ou la progression régulière.
Une frustration croissante alors que les discussions contractuelles approchent
Avec un contrat qui arrive à son terme à la fin de la saison 2025, Quartararo a clairement laissé entendre que son avenir chez Yamaha est en suspens tant que le constructeur n’apporte pas une moto réellement compétitive. Le champion du monde 2021, qui n’a plus gagné depuis 2022, exprime de plus en plus ouvertement son mécontentement.
Il a laissé entendre à plusieurs reprises qu’il pourrait envisager des options chez d’autres constructeurs si Yamaha ne lui offre pas les moyens de jouer devant. Plusieurs guidons d’usine devraient se libérer en 2026, et le nom de Quartararo figurera sûrement parmi les plus convoités sur le marché des transferts.
« J’aime Yamaha. J’ai connu de grandes réussites avec eux. Mais je ne peux pas continuer comme ça », a-t-il confié. « C’est mentalement épuisant de tout donner tout en sachant qu’un podium, sans parler d’une victoire, est hors de portée. Il faut que ça change. J’ai encore foi en ce projet — mais la foi doit être récompensée par des résultats. »
L’ère Márquez relancée ?
Alors que l’avenir de Quartararo demeure incertain, Márquez semble entamer un nouveau chapitre d’une carrière déjà légendaire. Après plusieurs saisons minées par les blessures et une transition délicate depuis Honda, nombreux étaient ceux qui doutaient de son retour au sommet. Sa campagne 2025 a balayé ces doutes de manière éclatante.
Márquez ne se contente pas de gagner — il le fait avec brio tactique, force mentale et combativité. Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, que sa moto soit parfaite ou non, il trouve toujours le moyen de l’emporter. Son avance actuelle au championnat, combinée aux faiblesses de ses concurrents, laisse peu de doutes quant à l’issue de la saison : un septième titre en catégorie reine semble presque déjà acquis.
S’il continue sur cette lancée et bat son propre record de victoires sur une saison, Márquez pourrait renforcer encore davantage son statut de légende du sport motocycliste. Déjà, beaucoup au sein du paddock — y compris ses rivaux — le considèrent comme un phénomène sans égal.
Comme l’a si bien résumé Fabio Quartararo :
« Il n’y a personne comme lui. Pas aujourd’hui. Peut-être jamais. »