Fabio Quartararo tire la sonnette d’alarme sur la chute de Yamaha : exige un projet gagnant en MotoGP sous peine de départ
L’ancien champion du monde MotoGP, Fabio Quartararo, a lancé son avertissement le plus clair à ce jour à l’encontre de l’équipe d’usine Yamaha, exprimant une frustration grandissante face à la baisse de performance du constructeur japonais. Le pilote français a été catégorique : seule la promesse d’un projet compétitif et capable de viser le titre pourra le convaincre de prolonger son contrat actuel. Âgé de 26 ans, Quartararo a offert à Yamaha son dernier titre mondial en 2021, mais il fait face depuis à un déclin constant de ses résultats, en raison de lacunes techniques persistantes, d’un manque de progrès en développement, et d’un écart de plus en plus grand avec les constructeurs leaders du championnat.
S’exprimant avant le Grand Prix des Pays-Bas à Assen—où il a tout de même signé le meilleur temps de la séance d’essais du vendredi après-midi—Quartararo a levé le voile sur sa frustration actuelle, livrant une évaluation sans concession de la trajectoire prise par Yamaha. Il a souligné qu’il n’était plus disposé à tolérer la sous-performance, et a affirmé que l’année à venir serait décisive pour son avenir avec la marque japonaise.
« Pour cette année, ma confiance est à zéro », a admis Quartararo, dans une déclaration aussi brutale qu’honnête. « Tout dépend maintenant de la moto de l’année prochaine. Max Bartolini a une énorme pression sur les épaules. Si je reste chez Yamaha cette année et l’an prochain, ce sera en grande partie grâce à lui. C’est lui qui a vraiment œuvré pour changer mon regard sur la situation et m’a permis de croire—au moins un peu—dans la direction que Yamaha veut prendre. »
Max Bartolini, directeur technique chez Yamaha, a rejoint l’équipe avec pour mission de repenser en profondeur les processus d’ingénierie et de développement, après plusieurs saisons de déclin. Quartararo lui attribue le mérite d’avoir insufflé un nouvel espoir au projet, mais prévient que cet espoir doit rapidement se traduire par des résultats concrets.
« Max sait qu’il faut que ça commence à bien fonctionner avant l’année prochaine », poursuit le Français. « Ce n’est pas seulement une question de performance—c’est aussi important pour moi personnellement, pour ma santé mentale. Je ne peux pas continuer à rouler dans ces conditions encore longtemps. Si on veut se battre pour des victoires et des titres, le redressement doit commencer maintenant. Il ne peut pas attendre. »
Depuis son sacre en 2021, les résultats de Quartararo ont connu une chute préoccupante. Yamaha peine à suivre le rythme de Ducati, KTM, et même Aprilia, notamment en vitesse de pointe, accélération, et gestion des pneus—des éléments clés dans le MotoGP moderne. Sa dernière victoire remonte à juin 2022, lors du Grand Prix d’Allemagne, et il n’est monté qu’une seule fois sur le podium au cours des deux dernières saisons. En 2025, il occupe la 10e place du classement pilotes, bien loin des luttes pour le titre qui ont marqué ses débuts en MotoGP.
Ses difficultés récentes ont été mises en évidence au Mugello, où il a terminé 14e après une série de trois abandons consécutifs. Malgré quelques éclairs de compétitivité—notamment lors des essais à Assen—Quartararo insiste sur le fait que le rythme en course et la performance sur la durée restent insuffisants.
« Je ne prends pas de plaisir sur la moto en ce moment », a-t-il confié. « Et pour moi, c’est essentiel—j’ai besoin de prendre du plaisir en pilotant, de ressentir l’excitation de me battre devant, de rivaliser avec les meilleurs. Actuellement, je n’ai pas ça, et c’est la raison pour laquelle je mets la pression sur l’équipe. Le temps ne joue pas en ma faveur. Je ne peux pas attendre indéfiniment. »
Quartararo est un pilier du programme MotoGP de Yamaha depuis son arrivée en catégorie reine avec l’équipe satellite Petronas Yamaha en 2019. Il s’est rapidement fait remarquer par ses performances étincelantes en tant que rookie, avant de rejoindre l’équipe d’usine en 2021, année où il décroche le titre mondial. Mais depuis, Yamaha peine à fournir une moto capable de jouer régulièrement devant. Le développement moteur est à la traîne, l’électronique manque de raffinement par rapport à la concurrence, et l’aérodynamique reste minimaliste.
Le Français affirme que la version actuelle de la Yamaha M1 a atteint ses limites de développement. Même avec des améliorations progressives, les faiblesses fondamentales de la moto empêchent toute avancée significative. En regardant vers l’avenir, Yamaha a promis une toute nouvelle moto pour la saison 2026—une refonte complète destinée à combler l’écart avec la concurrence—mais Quartararo insiste sur le fait que les promesses doivent être accompagnées de performances, et rapidement.
« À l’heure actuelle, je ne vois pas les changements qu’il me faut », a-t-il déclaré. « Pour être honnête, nous sommes encore très loin du rythme. Mais l’année prochaine, nous aurons une nouvelle moto—entièrement nouvelle. Je ne crois pas qu’on reparte de zéro, mais j’ai clairement besoin de quelque chose de différent. Cette moto, dans son état actuel, a atteint ses limites. »
Le ton employé par Quartararo ne laisse aucune place à l’interprétation. Il veut des preuves concrètes—des améliorations réelles et mesurables—avant de s’engager à long terme dans la vision de Yamaha. Et si ces preuves ne se manifestent pas rapidement, il pourrait bien aller voir ailleurs. Plusieurs écuries seraient déjà intéressées par ses services, notamment KTM et Aprilia, rendant l’avenir du Français incertain chez les Bleus.
« J’ai besoin d’un projet gagnant maintenant », a-t-il martelé. « Pas l’année prochaine, ni dans deux ans—mais maintenant. »
Actuellement, Yamaha occupe la dernière place du classement constructeurs MotoGP 2025, un chiffre qui illustre l’ampleur de la crise que traverse l’un des constructeurs les plus prestigieux de l’histoire du sport motocycliste. Jadis force dominante en MotoGP, Yamaha a été dépassé par des rivaux qui ont non seulement investi davantage dans le développement, mais ont aussi fait preuve de plus grande adaptabilité face aux exigences techniques changeantes du championnat.
Le défi qui attend Yamaha est colossal : concevoir une moto compétitive dans un temps record, regagner la confiance de son pilote phare, et retrouver le sommet de la grille dans un sport qui ne pardonne pas l’immobilisme. Avec la patience de Quartararo qui s’amenuise et une situation contractuelle de plus en plus pressante, la seconde moitié de la saison pourrait bien être la dernière chance de Yamaha de prouver qu’elle mérite encore sa place parmi l’élite du MotoGP.
La suite de cette aventure dépendra non pas de discours, mais d’actions—et de résultats.