Fabio Quartararo lutte contre les limites de Yamaha alors qu’il cherche à rebondir en MotoGP en 2025
Fabio Quartararo, champion du monde MotoGP 2021, traverse une saison 2025 difficile, en raison des limitations persistantes de sa Yamaha M1. Malgré une vitesse brute et des talents de pilotage toujours évidents lors des séances de qualifications — où il surpasse régulièrement ses coéquipiers et décroche des positions avantageuses sur la grille —, le pilote français peine à convertir cette performance en résultats solides le dimanche. Le dernier Grand Prix, disputé à Brno en République tchèque, a une fois de plus illustré le fossé grandissant entre le potentiel de Quartararo et les capacités de sa machine.
Sur le tracé tchèque, Quartararo a une nouvelle fois démontré son aisance en qualifications en s’adjugeant une solide troisième place sur la grille. Les espoirs de podium étaient donc fondés, mais ils se sont rapidement estompés dès le départ de la course. Lors du sprint du samedi, il a rétrogradé à la cinquième position, avant de franchir la ligne d’arrivée en sixième place dans la course principale du dimanche. Malgré ses efforts, il n’a pas pu suivre le rythme des leaders, à savoir Raúl Fernández, Francesco Bagnaia et Pedro Acosta, qui ont dominé les débats et relégué Yamaha loin des premières positions.
Ce résultat à Brno s’inscrit dans une série de courses où Quartararo n’a pas pu se battre aux avant-postes — non pas par manque de talent, mais à cause des lacunes techniques de la Yamaha. La M1 souffre toujours d’un manque d’adhérence à l’arrière et de vitesse de pointe, surtout en conditions de course. Alors qu’elle peut se montrer compétitive sur un tour lancé en qualifications, avec un réservoir léger et des pneus neufs, la moto perd en équilibre et en adhérence au fil des tours, limitant considérablement les capacités de Quartararo à défendre sa position ou à dépasser une fois la course lancée.
Lors de son débriefing après la course, Quartararo n’a pas mâché ses mots au sujet des difficultés rencontrées cette saison. Il a notamment désigné les premiers tours comme étant particulièrement problématiques, soulignant que le manque d’adhérence initiale le met rapidement en difficulté par rapport à ses rivaux. Incapable d’attaquer d’entrée de jeu — une phase devenue cruciale dans le MotoGP moderne —, il se retrouve souvent englué dans le peloton, à livrer des batailles coûteuses en énergie et en performance pneumatique.
« On perd trop de terrain au début », a-t-il expliqué. « Les autres peuvent attaquer immédiatement, mais moi, je n’ai pas l’adhérence nécessaire pour me battre. Quand je trouve enfin mon rythme, le groupe de tête est déjà trop loin. »
L’un des écarts techniques les plus flagrants, selon Quartararo, concerne le comportement au freinage de la M1. Contrairement aux Ducati ou aux KTM, qui permettent des freinages tardifs et agressifs — un avantage déterminant pour dépasser ou se défendre —, la Yamaha impose un style plus prudent. Cette différence l’handicape lourdement lors des duels rapprochés et intenses, typiques des courses MotoGP.
« C’est compliqué de doubler ou même de défendre ma position », a-t-il confié. « Les autres peuvent freiner plus tard et plus profondément, alors que moi, je dois freiner plus tôt pour stabiliser la moto. Ça rend les combats très difficiles. »
Malgré une frustration croissante, Quartararo reste calme et engagé. Il refuse de rejeter la faute uniquement sur son équipe et continue à pousser les ingénieurs Yamaha à trouver des solutions. Il les incite à concentrer leurs efforts sur l’amélioration de l’adhérence et sur une révision du système de freinage de la M1. Bien que les progrès soient lents, il garde espoir qu’une amélioration significative soit possible dans les prochaines courses si les bons ajustements sont apportés.
Avec la première moitié de saison désormais écoulée, Quartararo attend avec impatience la pause estivale — une fenêtre précieuse pour faire le point, se ressourcer et repartir sur de meilleures bases. Cette trêve offre au clan Yamaha l’occasion de plonger dans les données, de tester des évolutions potentielles et d’établir une feuille de route pour la suite du championnat. Quartararo reste convaincu que son équipe peut profiter de cette période pour affiner le package technique et combler l’écart de performance qui les éloigne actuellement du podium.
« On travaille dur, et je crois qu’on peut encore renverser la situation », a-t-il affirmé. « Il reste beaucoup de courses. Si on parvient à améliorer seulement deux aspects — l’adhérence et le freinage —, je pense qu’on peut revenir dans la bataille. »
L’esprit combatif de Quartararo reste intact. Même si les résultats ne reflètent pas son niveau de pilotage, il continue à performer à un très haut niveau et à tirer le maximum d’une machine limitée. Ses performances en qualifications en sont la preuve : malgré les lacunes de la Yamaha M1, il réussit souvent à positionner la moto bien au-delà de son potentiel théorique, démontrant ainsi sa capacité à transcender le matériel.
Du côté de l’usine Yamaha, la pression monte pour livrer des évolutions capables de suivre le rythme des développements de Ducati, KTM et Aprilia. Alors que ces constructeurs ont fait des avancées significatives en matière d’aérodynamique, d’électronique et de maniabilité, Yamaha peine à s’adapter aux exigences de plus en plus techniques du MotoGP moderne. Quartararo, qui dominait autrefois les courses et menait le championnat avec autorité, se retrouve désormais à devoir batailler pour des places dans le top 6.
Pourtant, malgré la déception et la frustration, le mental de Quartararo demeure solide et focalisé. Il sait que le championnat reste encore mathématiquement jouable, mais qu’il faudra pour cela une réaction forte de l’usine et une seconde partie de saison sans faute. Les fondements de son succès — vitesse pure, régularité et intelligence de course — sont toujours là. Ce qui manque, c’est le soutien technique nécessaire pour permettre à ces qualités de s’exprimer pleinement.
Alors que le MotoGP s’apprête à sortir de sa pause estivale, les projecteurs seront braqués sur Quartararo et Yamaha. Fans comme observateurs attendent de voir si l’équipe saura apporter les changements nécessaires pour relancer sa campagne. Pour Quartararo, l’objectif est limpide : revenir aux avant-postes, reprendre sa place parmi les prétendants au titre, et rappeler au monde pourquoi il a été, un temps, l’homme à battre en MotoGP.
Reste à savoir si cette résurgence est imminente ou encore lointaine. Une chose est sûre : Fabio Quartararo n’a pas abandonné. Son talent est intact, sa détermination aussi. La deuxième moitié de saison 2025 pourrait bien être l’occasion d’une rédemption — et, peut-être, d’un retour au sommet.