Fabio Quartararo échappe de peu à un accident effrayant dans l’herbe lors du MotoGP des Pays-Bas après la chute d’Aldeguer, alors que Yamaha vit un week-end chaotique à Assen
Le week-end de l’équipe d’usine Yamaha au Grand Prix des Pays-Bas 2025 a été marqué par le drame, la frustration et un incident terrifiant, lorsque Fabio Quartararo a dû effectuer une manœuvre d’évitement à haute vitesse pour échapper à une chute spectaculaire de Fermín Aldeguer. L’incident, survenu lors de la course principale dimanche, a rappelé à tous les dangers permanents du MotoGP. Si Quartararo est miraculeusement sorti indemne d’une possible collision catastrophique, l’incident a toutefois ruiné sa course, le forçant à sortir de la piste et lui coûtant un temps précieux ainsi que plusieurs positions.
Le week-end avait pourtant bien commencé pour le Français, qui avait signé la pole position lors des qualifications — un signe encourageant pour Yamaha, en quête de régularité cette saison. Mais cette éclaircie fut de courte durée. Quartararo a chuté lors de la course Sprint du samedi, terminant sans points. Et la course de dimanche s’est avérée tout aussi mouvementée — mais cette fois, sans que le pilote n’en soit responsable.
Un cauchemar évité : la traversée de l’herbe à pleine vitesse de Quartararo
Au sixième tour du Grand Prix, alors qu’il occupait la septième position malgré un manque d’adhérence persistant depuis le départ, un moment de chaos s’est produit devant lui. Fermín Aldeguer, pilote Gresini Ducati, a été victime d’un violent highside — l’un des types de chute les plus dangereux — projetant sa moto et lui-même en plein milieu de la trajectoire des autres pilotes.
Quartararo n’a eu que quelques millisecondes pour réagir. Avec la Ducati d’Aldeguer rebondissant dangereusement sur la piste, le champion du monde 2021 a pris une décision immédiate : accélérer et se déporter dans l’herbe pour éviter le contact avec la moto et son pilote — un pari risqué en termes de contrôle et de stabilité.
« C’était terrifiant, honnêtement », a raconté Quartararo après la course. « Tu n’as pas le temps de réfléchir. Fermín est tombé juste devant moi, et tout à coup, il y avait une moto et un corps qui rebondissaient sur la piste. Si tu restes sur ta trajectoire, tu les percutes. J’ai juste ouvert les gaz et suis parti dans l’herbe — c’était probablement ma seule option. »
Ce réflexe incroyable lui a sans doute évité une blessure grave, voire pire. Mais le prix fut élevé. Le passage dans l’herbe lui a coûté environ huit à neuf secondes ainsi que plusieurs positions. Lorsqu’il a retrouvé l’asphalte, Quartararo était déjà hors du top 10.
« Ça m’a coûté cher en temps de course. J’avais déjà du mal avec l’adhérence au départ, donc perdre encore plus de terrain n’a rien arrangé », a-t-il expliqué. « J’ai dû me battre dur juste pour rentrer dans le top 10. »
L’incident a également affecté l’Espagnol Joan Mir, qui suivait de près Quartararo. Contrairement au Français, Mir n’a pas pu éviter la moto d’Aldeguer et l’a percutée à pleine vitesse. Mir et Aldeguer ont eu la chance de s’en sortir sans blessures graves, mais leurs courses étaient terminées.
De la pole à la dixième place : un Grand Prix en deux temps pour Quartararo
Le week-end de Quartararo à Assen a été une véritable montagne russe. Auteur d’un tour exceptionnel en qualifications sur les 4,5 kilomètres du circuit TT, il a offert à Yamaha un espoir retrouvé en vitesse pure sur un tour. Mais les problèmes récurrents de la marque japonaise — notamment le manque d’adhérence arrière et la difficulté à maintenir le rythme de course — sont réapparus dès le départ de la course.
« Le départ n’était pas catastrophique, mais il n’était pas bon non plus », a admis Quartararo. « Les autres ont mieux démarré. Dès le premier virage, j’ai senti que ça glissait à l’arrière. C’était comme rouler sur de la glace pendant les premiers tours. »
Dès le troisième tour, Quartararo avait déjà perdu plusieurs positions, luttant pour rester dans le top 7. Après l’incident avec Aldeguer, il a dû repartir de loin, coincé au cœur du peloton et contraint de dépasser des pilotes expérimentés comme Johann Zarco, Jack Miller ou Brad Binder — une tâche complexe sur une piste où doubler est difficile.
Malgré tout, Quartararo s’est accroché et a entamé une remontée méthodique. Malgré les problèmes d’adhérence persistants et la turbulence aérodynamique causée par les motos devant lui, il a réussi plusieurs dépassements propres, pour finalement franchir la ligne en dixième position — sauvant quelques points.
« Je suis fier de notre remontée », a-t-il déclaré. « C’était très difficile de dépasser. Quand tu suis d’autres motos, tout devient plus compliqué : les freinages, l’accélération, même la visibilité. Mais on a réussi à reprendre des places. »
Il a terminé la course à 23,7 secondes du vainqueur Marc Márquez, auteur d’une victoire éclatante pour Ducati. Pour Quartararo, cette dixième place ne reflète pas son talent ni le rythme affiché en qualifications, mais compte tenu des circonstances — perte d’adhérence, quasi-accident, temps perdu — c’est un résultat remarquable.
Rins piégé par Oliveira : un autre week-end à oublier
Yamaha n’a pas seulement souffert avec Quartararo. Son coéquipier Álex Rins a également vu sa course compromise dès le premier tour, suite à un accrochage entre Miguel Oliveira (RNF Racing) et un autre pilote.
Parti de la 18e position, Rins visait une remontée progressive. Mais à l’approche du virage 5, il a dû freiner brutalement pour éviter une collision avec Oliveira, qui venait de percuter un autre pilote.
« Le départ était déjà difficile, puis à Turn 5, Oliveira a eu un contact et j’ai dû freiner fort pour l’éviter », a expliqué Rins. « J’ai eu un gros moment de déséquilibre et perdu plusieurs places. Ça a donné le ton de ma course. »
Malgré cet incident, Rins a tenté une remontée limitée, atteignant la 14e ou 15e place avant de terminer hors des points.
« J’ai tout donné. J’ai réussi quelques dépassements et réduit certains écarts, mais honnêtement, même sans l’incident du début, je ne pense pas qu’on aurait pu viser beaucoup mieux aujourd’hui. La moto n’est tout simplement pas au niveau », a-t-il ajouté. « On sait d’où viennent nos problèmes. On va analyser tout ça et continuer à pousser. De notre côté, on donne 100 %. »
Le 70e anniversaire de Yamaha gâché par les contre-performances
Le Grand Prix des Pays-Bas coïncidait avec une célébration majeure pour Yamaha : les 70 ans de la marque. Pour l’occasion, les deux pilotes arboraient des livrées spéciales en hommage à Noriyuki Haga, légende de Yamaha, avec notamment une version rouge et blanche inspirée de la R7 pour Quartararo.
Mais sur la piste, les performances n’ont pas été à la hauteur de l’événement.
Le directeur de l’équipe, Massimo Meregalli, n’a pas caché sa déception après la course, reconnaissant que les incidents avaient joué un rôle, mais que les problèmes de fond étaient tout aussi préoccupants.
« On savait que ce week-end serait difficile », a-t-il admis. « Mais ce qu’on n’avait pas prévu, c’est que nos deux pilotes devraient éviter des accidents graves. Ces moments nous ont coûté cher, notamment pour Fabio. »
Meregalli, tout en saluant les efforts des pilotes, a insisté sur l’urgence d’une amélioration avant la prochaine manche.
« Ce n’est pas le résultat que nous espérions, surtout en pleine célébration. Mais nous n’abandonnons pas. Toute l’équipe est mobilisée pour combler l’écart avec nos rivaux. Nous avons un test privé prévu à Brno, ce sera crucial pour collecter des données et tester de nouvelles améliorations. On va continuer à travailler. »
Cap sur l’Allemagne : l’heure de la revanche ?
Avec Assen désormais derrière eux, le paddock MotoGP se tourne vers le Sachsenring pour le Grand Prix d’Allemagne. Yamaha espère y rebondir et montrer des signes concrets de progrès alors que la saison 2025 approche de sa mi-parcours.
Pour Quartararo, ce week-end fut à la fois un rappel brutal des dangers du sport et une démonstration de son courage. Il n’a pas obtenu de podium, mais sa capacité à éviter l’accident et à revenir dans les points a été saluée par les fans et les observateurs.
« Ce week-end a été intense », a-t-il conclu. « Ce n’est pas le résultat qu’on voulait, mais on s’est battus. J’espère qu’en Allemagne, on pourra faire une course propre et montrer notre vrai potentiel. »
Mais pour Yamaha, le temps presse. Les problèmes de la moto sont bien connus — manque d’adhérence arrière, mauvaise traction à l’accélération, manque de constance — et les rivaux comme Ducati, Aprilia et KTM continuent d’élargir l’écart.
Reste à savoir si Yamaha saura corriger le tir. Pour l’instant, l’équipe quitte Assen avec un mélange de frustration, de soulagement, et une longue liste de devoirs à accomplir avant Brno et au-delà.